VIDEO. La maison de l'horreur : 15 tonnes de déchets accumulés par une personne atteinte du syndrome de Diogène

Dans une commune du nord de Montauban, 15 tonnes de déchets ont été découverts dans le logement d'une femme atteinte du syndrome de Diogène. Une pathologie connue mais difficile à traiter. Explications.

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    C'est un chantier particulier qui s'ouvre ce lundi 22 mai, celui du nettoyage d'une maison appartenant à une personne atteinte du syndrome de Diogène. Elle aurait accumulé durant 30 ans dans sa maison située au nord de Montauban, des objets de toutes sortes, des détritus et des déchets sans pouvoir les jeter.

    Découvrez dans cette publication Instagram, le reportage de Marie Martin et Frédéric Desse de France 3 Occitanie

    Une situation problématique que connaissent tous les proches ou voisins de personnes atteintes par cette pathologie car au-delà de l'encombrement, il existe un véritable péril sur le plan de l'hygiène. Les détritus en putréfaction attirent beaucoup d'insectes, notamment des cafards et des rats. C'est souvent leur présence qui alerte le voisinage. 

    Jusqu'à 2 mètres de hauteur de déchets

    Selon la société toulousaine Agir nettoyage extrême, spécialisée dans ce type de chantier, "la maison a été découverte avec en moyenne 1,50 m de hauteur de poubelles, excréments, bouteilles en plastique sur tout la superficie (120m2)". La société de ménage précise que par endroit, des pics de déchets atteignent 2 mètres de hauteur.

    Le syndrome de Diogène est connu. Les personnes qui sont atteintes de ce trouble comportemental ne peuvent s'empêcher d'accumuler les objets. Elles négligent de fait l'hygiène de leur domicile. "C'est un collectionnisme d'objets hétéroclites dont ils n'ont pas besoin, explique le psychiatre Bernard Vilamot. Ils vont ramasser des choses à l'extérieur et parallèlement, ils ne sortent pas ce qui doit être sorti de la maison : les restes de repas, les poubelles... Tout ça s'accumule jusqu'au plafond. Ils ménagent de petits espaces pour aller aux toilettes. Globalement, on dit qu'ils collectionnent des ordures, mais ça peut être des vélos, des bouts de trucs cassés, n'importe quoi...".

    Une manie irrépressible

    Le psychiatre définit cette maladie comme une manie irrépressible. "Il y a un côté compulsif, une sorte d'obligation à faire sinon l'angoisse monte. On retrouve ce syndrome chez des gens qui ont des délires chroniques, des gens qui ont des voix (mais qui ne sont pas schizophrènes) ou chez des grands obsessionnels".

    Il n'existe pas de traitement pour cette maladie. La personne qui en souffre a conscience de son état. Elle sait qu'elle ne devrait pas accumuler tous ces objets mais ne peut s'en empêcher. Et si on la déplace, elle recommence ailleurs.

    Ils ont conscience que c'est horrible et immonde avec tous ces cafards mais il ne faut pas changer, il faut garder la situation immuable.

    Dr Bernard Vilamot, psychiatre

    Le plus souvent ces personnes vont faire des courses, se lavent, vivotent mais elles ont des problèmes avec leur voisinage et sont isolées. "Quand ils ont des chats, ils en ont trente, explique encore le psychiatre. Ils les enferment dans une pièce où ils font leurs déjections".

    "Il y a une problématique psychiatrique. Ce sont des gens qui ont rompu les liens avec leur famille. On n'a pas accès à leur histoire qu'ils gardent pour eux. La maladie se déclare à l'âge de 40-50 ans sur des gens qui sont marginaux". 

    Une carapace, une forteresse

    "Ils sont volontaires. Ils ne sont pas négligents comme pourraient l'être un alcoolique ou un toxicomane qui ne s'occupe pas de son intérieur. Ils ne sont pas non plus déprimés. Mais ce sont des gens qui s'auto-confinent. Ils ne souffrent pas de leur maladie, ce sont les voisins qui en souffrent. Eux, ça ne les gêne pas, c'est comme une carapace, une forteresse. Il n'y a pas d'échanges avec les autres ni de culpabilité de faire ça". 

    "Il y a une compulsion, explique encore Bernard Vilamot qui a reçu plusieurs patients atteints du syndrome de Diogène. Mais ce ne sont pas des tocs (comme ranger de façon frénétique, placer les objets systématiquement dans un certain ordre, vérifier 10 fois que la porte est fermée...). C'est une manie de récupération. Il n'y a pas de lutte anxieuse contre le symptôme. Au contraire, il faut remplir. Ce qui est intrigant, c'est leur capacité à être en relation et leur incapacité à gérer leurs accumulation". 

    Le chantier de nettoyage de la maison située en Tarn-et-Garonne devrait durer une semaine. Il s'agit de jeter les objets et déchets accumulés mais aussi de désinfecter et désinsectiser l'ensemble du bâtiment.

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