L'appel à l'aide lancé sur les réseaux sociaux pour soutenir financièrement Thierry Casasnovas rapporte gros. Mais ce qui a choqué de nombreux internautes, l'UNADFI et le gouvernement, c'est que l'homme est mis en examen pour 8 chefs d'accusations, dont exercice illégal de la médecine.
Sur la page de soutien à Thierry Casasnovas, il y a évidemment un appel aux dons. Pour éviter le blocage des paiements ou "que le gouvernement ne s’attaque à cette cagnotte" comme l'explique le site, il est conseillé aux donateurs d'utiliser des cryptomonnaies, "qui sont, elles, intouchables".
Ce mardi midi, en 60 heures, le compteur affiche plus de 91.000 euros. 3.200 personnes ont participé à cette collecte sur un site de crowdfunding qui prône "place à la liberté d'expression".
Cette cagnotte était ouverte initialement pour 14 jours encore. Mais mardi après-midi, elle a été clôturée sans plus de précisions que "cette campagne de communication Massive a été un véritable succès. Un énorme MERCI". La collecte virtuelle a rapporté 94.455€ en 3 jours, grâce à 3.352 donateurs.
Elle est destinée, selon ses créateurs, à soutenir financièrement Thierry Casasnovas suite à sa mise en examen le 10 mars dernier pour 8 chefs d'accusations, dont abus de confiance, blanchiment et exercice illégal de la médecine.
Depuis 5 ans, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a reçu des dizaines de plaintes et signalements. Mais le prévenu clame son innocence.
Un "gourou" catalan ?
Devenu en quelques années une star d'Internet grâce à ses vidéos vantant le crudivorisme, le jeûne et les bains de siège en guise de traitement contre les maladies dont le cancer, le Catalan installé dans le hameau de Taulis, dont il est conseiller municipal, se défend des accusations qui pèsent contre lui sur le réseau social YouTube, où il affiche près de 600.000 abonnés.
Dans une vidéo mise en ligne le 4 mars et déjà vue près de 76 000 fois, il fustige les tenants de la médecine allopathique et les médias, en s'adressant directement aux adeptes de ses théories et pratiques alternatives, le tout en préparant, face caméra et avec les sommets catalans en toile de fond, un jus végétal aux vertus censément régénératrices.
Un diplôme de victimologie "Emprise sectaire" à l'université de Montpellier
Depuis le début du mois de novembre 2022, et jusqu'en juin 2023, un module "emprise sectaire" est dispensé tous les mois, à la faculté de médecine de Montpellier.
Seize heures de cours réparties en deux jours, entre le vendredi et le samedi.
Si elle assure une majeure partie des cours, Joséphine Cesbron de l'ADFI de l'Hérault, Association pour la Défense des Familles et de l'Individu victimes de sectes, est également épaulée par des médecins, des psychologues, des magistrats ou encore des personnes issues des forces de l'ordre. Tout un panel de spécialistes pour répondre à des questions complexes.
Nous avons construit cette formation comme quelque chose de très concret, On ne veut pas faire que de la théorie. Nous voulons former des professionnels ou des futurs professionnels à connaître les situations d'emprise sectaire, les prévenir et accompagner ceux qui en sont victimes.
Joséphine Cesbron, responsable du DU de victimologie "Emprise sectaire".Novembre 2022.
L'engouement pour les médecines ou les expériences "alternatives" n'est pas nouveau mais la pandémie de Covid l'a accru. La persuasion et la promesse d'une vie meilleure, plus saine, plus naturelle, prônées sur les réseaux sociaux, peuvent séduire des adeptes et être une activité très lucrative.
Thierry Casasnovas est suivi depuis plus de 10 ans par l'UNADFI. Et les résultats astronomiques de la cagnotte en ligne en sa faveur, plus de 91.000 euros en 2 jours, résulte d'un phénomène d'adhésion et de masse. Cela est désormais amplifié par l'impact des réseaux sociaux.
C'est un mécanisme très fin qui joue sur les angoisses existentielles. Pour capter l'attention, il faut y répondre simplement par des propositions basiques, logiques, rassurantes et naturelles. Une fois l'adhésion acquise aux idées, les sympathisants deviennent des adeptes. Plus il y a d'adeptes, plus le pouvoir et l'influence sont forts et plus ils légitimisent l'adhésion. Plus il y a d'argent aussi.
Porte-Parole de l'UNADFI.
La secrétaire d'Etat à la citoyenneté dénonce une "initiative indécente"
Cette cagnotte a rapidement été dénoncée par le gouvernement et plus particulièrement par la secrétaire d’État à la Citoyenneté Sonia Backès.
Je condamne cette initiative indécente. Sur ma demande, toutes les voies de droit sont étudiées pour y mettre un terme. Cet argent serait mieux utilisé dans la lutte contre le cancer ! J'invite donc M. Casasnovas à faire un don équivalent à @laliguecancer.
Sonia Backès, secrétaire d’État à la Citoyenneté.
Sonia Backès, dont dépend la MIVILUDES, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.