Le procureur de la République du Tarn-et-Garonne vient d'ouvrir un compte sur Twitter. Après police et gendarmerie, la justice ouvre les portes numérique pour ne pas être la "grande muette" du numérique.
Le procureur de la République de Montauban a ouvert un compte Twitter le 1er janvier. Grande absente sur les réseaux sociaux, la justice est en train de changer de politique. Explications avec Laurent Czernik.
Pourquoi ouvrir un compte Twitter ? Et pourquoi maintenant ?
Les métiers et les missions des acteurs de la justice sont très méconnus. Twitter est devenu un média important consulté par des millions de professionnels dont les journalistes mais pas seulement. Et puis tous les partenaires institutionnels de la justice y sont présents et communiquent beaucoup. Je pense à la police, la gendarmerie et les préfets.
Je souhaite concourir à ce que l'action de la justice soit valorisée en exposant la très grande variété des missions d'un procureur. L'image de quelqu'un qui se lève à l'audience et prononce un discours d'"accusateur public" ne correspond pas à la réalité d'aujourd'hui.
Quels aspects sont selon vous méconnus du grand public ?
Les missions qui sont les nôtres en matière de politique pénale, les actions concernant la répression de la délinquance, dont certaines sont très sensibles comme les violences conjugales. C'est intéressant de twitter sur ces questions et de retwitter les actions des acteurs institutionnels et du ministère de la Justice. On peut donner des informations pratiques très utiles sur la juridiction.
Il y a aussi un autre domaine sensible : la communication sur les affaires judiciaires en cours. Il faut être très prudent mais l'article 11 du code pénal, s'il exige que les enquêtes soient tenues secrètes, autorise le procureur à communiquer pour éviter que ne se propagent des rumeurs et de fausses informations.
L'esprit est donc de se rapprocher du citoyen ?
Oui, c'est faire connaître une institution méconnue et souvent critiquée. C'est vrai qu'en cas de procès, si une partie gagne, elle est rarement satisfaite. Quant à l'autre... On fait beaucoup de mécontents. Donc c'est important d'expliquer au plus grand nombre les priorités préalables aux décisions prises. Il ne s'agit pas de commenter les décisions, mais d'éclairer les motivations qui mènent à ces décisions.
Autre exemple, on va expliquer la convention qui sera signée ce mercredi pour la mise en oeuvre pour le bracelet anti-rapprochement des auteurs de violences intra-familiales en Tarn-et-Garonne. On doit être les premiers à le faire, hors juridictions expérimentales. C'est à faire connaître.