L’association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) a publié une enquête sur le pastoralisme en Ariège et les moyens mis en place pour la cohabitation avec l’ours. Ce travail se veut un outil pour améliorer notamment la protection des troupeaux.
L’association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) vient de publier une enquête sur la façon dont sont gardés les troupeaux de brebis en Ariège. L’objectif pour l’Aspas est de faire le point et proposer des solutions pour améliorer la cohabitation avec l’ours brun. L’espèce, en voie de disparition, fait l’objet d’un plan de sauvegarde. Plusieurs ours (capturés en Slovénie) ont été réintroduits dans le massif et aujourd’hui, il y aurait une cinquantaine d’ours dans les Pyrénées. Des moyens ont été mis en place pour aider les éleveurs à protéger leurs troupeaux.
Cet été, l’Aspas a visité 17 estives en Ariège (qui est le département où se trouve le plus grand nombre d’ours).
Le triptyque : berger, chien, clôture
"Nous avons rencontré des pâtres exerçant une garde serrée profitable au troupeau", écrit l’association dans son rapport, "avec permanence auprès du troupeau et regroupement nocturne, présence de chiens de protection. Leur professionnalisme porte ses fruits. La garde serrée du troupeau et la présence des chiens de protection garantissent une limitation des prédations. Cette sécurité acquise permet de relativiser la présence du prédateur."
Cependant, selon les constatations de l’association, aucune des estives visitées n'a mis en place le triptyque préconisé : berger, chiens de protection en nombre suffisant et parc de regroupement fermé électrifié au complet.
Il y a quand même du mieux par rapport à l’année précédente reconnait le délégué de l’Aspas en Ariège. "Certains éleveurs ont fait l’effort de prendre des chiens de protection, dit Alain Marek, et ils ont vu la différence, ils ont eu moins de prédation."
L’intérêt de cette enquête selon lui c’est de travailler sur des éléments de terrain précis et de prouver que si les moyens préconisés sont mis en place, il n’y a pas de dégâts ou très peu. Il cite ainsi le cas de cette estive avec 1700 brebis et seulement 2 bergers et un chien côté français, côté espagnol les 1 100 bêtes sont gardées par 4 bergers et 5 chiens. Aucune prédation sur l’élevage en Espagne et 25 sur le troupeau en France.
Sur les 17 estives visitées en Ariège, 15 sont équipées d'1 ou de 2 bergers. 1 troupeau est laissé sans berger ni surveillance, sauf rares visites de contrôle, écrit l'association dans son rapport.
Les bergers ne sont parfois pas assez nombreux et pas assez formés. Pas très bien payés pour la plupart, au regard du travail demandé précise l’Aspas.
Améliorer la cohabitation avec l'ours
Dans ce document envoyé à la préfecture de région, l’association formule des préconisations :
• Encourager à l'utilisation correcte de tous les moyens de protection, notamment : – en encourageant les groupements pastoraux à prévoir et à adapter l'équipement de leur estive à chaque saison, – en révisant les critères d'attribution et la conditionnalité des indemnisations Dégâts Ours, – en redirigeant les aides sur la revalorisation du salaire des pâtres.
• Encourager la formation initiale et continue et la professionnalisation des pâtres et des éleveurs : – en multipliant les formations Présence des prédateurs pour les pâtres et pour les éleveurs. – en exigeant un diplôme ou une formation diplômante à l'embauche d'un pâtre.
• Encourager la présence et la reproduction des chiens de protection dans les élevages.
• Encourager à la qualité des chiens de protection : – en perfectionnant la sélection, – en proposant des formations Conditionner un chien de protection aux éleveurs – en proposant un test d'aptitude pour les chiens de protection avant leur montée en estive
• Encourager le réseau des bergers d'appui pour le remplacement des pâtres absents dès la première minute
Sollicitée sur ce travail de l'Aspas, la fédération pastorale de l'Ariège ne nous a pas encore répondu à l'heure où nous publions cet article.