220 objets personnels du célèbre sculpteur Antoine Bourdelle font l'objet d'une très belle (et inédite) exposition temporaire au musée Ingres-Bourdelle de Montauban (Tarn-et-Garonne), du 8 juillet au 12 novembre 2023. Visite virtuelle en quelques images.
Antoine Bourdelle, né en 1861 à Montauban (Tarn-et-Garonne), s'est entouré toute sa vie d'un nombre considérable d'objets : oeuvres d'art mais aussi carnets, outils, photos, costumes... Le tout a été conservé religieusement par sa femme Cléopâtre et sa fille Rhodia. Une collection qui fait aujourd'hui l'objet d'une très belle exposition au musée Ingres-Bourdelle de Montauban, grâce au prêt et à la collaboration du musée Bourdelle de Paris, où l'artiste montalbanais avait son atelier.
- L'artisan ouvrier
Tout a commencé par ce "bleu de travail". En 2020, à la faveur de travaux dans son atelier, sont découverts enfouis dans un placard des tenues de travail du maître. Des costumes de velours côtelé bleus qui donnent l'idée à l'équipe du musée Bourdelle de Paris de monter une exposition sur les objets du célèbre sculpteur, contemporain de Rodin.
Antoine Bourdelle tenait beaucoup à ce vêtement de travail qu'il teignait lui-même. "Pourquoi ce velours côtelé bleu ? Parce que c'est la tenue de l'ouvrier" explique Florence Viguier-Dutheil, conservatrice en chef du patrimoine du musée Ingres-Bourdelle de Montauban. "Pour Bourdelle, être un sculpteur, ce n'est pas être un bourgeois arrivé, c'est être un artisan ouvrier et il tient à le montrer dans sa tenue qu'il adopte devant tout le monde".
Bourdelle, fils de menuisier-ébéniste et petit-fils de chevrier, n'a jamais voulu en effet renier ses origines modestes. Toute sa vie, il a conservé les meubles de son père, allant jusqu'à faire poser ses modèles sur une chaise fabriquée par ce dernier.
De même, en écho à son enfance, il sculpte à de nombreuses reprises des béliers et des chèvres. Quant à son origine géographique (il est né et à grandi à Montauban), il en était fier. "Je sculpte en langue d'oc", écrit-il dans un de ses très nombreux carnets intimes et illustrés qui sont ici exposés.
Avec l'âge (et un peu d'embonpoint), Antoine Bourdelle quitte son velours bleu pour une ample blouse blanche qu'il conçoit lui-même et dans laquelle il sera maintes et maintes fois représenté comme en atteste sur statue en pied, exposée à Montauban près de son célèbre buste d'Apolon.
- Immersion en atelier
Rapidement après son arrivée à Paris, Antoine Bourdelle trouve son atelier, dans le quartier de Montparnasse. Il ne le quittera plus. Et durant 40 ans, rien ou presque n'en sortira, en-dehors de ses oeuvres.
Ainsi, tous ses outils de sculpteur ont été conservés : ils font l'objet d'une salle entière de l'exposition temporaire, permettant aux visiteurs de se plonger dans l'intimité de travail du maître.
"Cette façon de montrer un artiste, c'est aussi partager avec le visiteur une connaissance plus intime, lui permettre de l'incarner en quelque sorte", explique Florence Viguier-Dutheil.
- Bourdelle photographe
On le sait peu mais Antoine Bourdelle s'est passionné pour la photographie. Pour ses modèles mais aussi pour reproduire des œuvres d’art et représenter ses œuvres sculptées. Bourdelle a réuni nombre de prises de vues d’atelier, de ses modèles, de ses élèves, des expositions qui lui sont consacrées.
Tous ses clichés ont été conservés, tout comme son appareil photo de voyage et même son armoire à produits (révélateurs et fixateurs).
- Pour la postérité
Connu et reconnu de son vivant, par ses pairs, par la critique et les institutions, Bourdelle a souvent exprimé son désir d'un musée consacré à son oeuvre. Il meurt en 1929 : ses obsèques sont publiques, il est photographié et peint sur son lit de mort. Un masque mortuaire est réalisé, aujourd'hui exposé.
Après sa mort, sa famille n'aura de cesse de conserver, préserver et transmettre son œuvre. Un musée à son nom ouvre en 1949, dans ses anciens appartements et ateliers.
C'est cet héritage exceptionnel qui est donné à voir au musée Ingres-Bourdelle de Montauban, jusqu'au 12 novembre 2023.