Les salariés d'EDF sont en grève mercredi 26 janvier pour protester contre la demande de l'Etat de vendre davantage d'électricité à bas prix à ses concurrents afin de "contenir la facture d'électricité des ménages et des entreprises". La centrale de Golfech est un des points de rassemblement en ce jour de contestation.
Devant la flambée des prix de l'énergie, le gouvernement a dégainé un arsenal de mesures pour contenir les factures et tenter d'honorer sa promesse de limiter à 4% l'augmentation des tarifs réglementés de l'électricité en 2022, dans un contexte sensible à quelques semaines de l'élection présidentielle.
Huit milliards d'euros
Parmi ces mesures, l'Etat demande à EDF (Electricité de France ) d'augmenter de 20% le volume d'électricité nucléaire vendu à prix réduit à ses concurrents cette année, pour le faire passer de 100 à 120 terawattheures (TWh). Ce qui coûtera de l'ordre de 8 milliards d'euros au groupe.
C'est cette dernière mesure qui a mis le feu au poudre parmi les agents de l'énergéticien. Les salariés d'EDF sont donc en grève aujourd'hui, mercredi 26 janvier 2022. Après cette annonce, les quatre principaux syndicats du secteur énergétique ont en effet lancé un appel à la grève, estimant que le groupe est déjà aux prises avec de nouveaux retards pour l'EPR de Flamanville (Manche) et avec un problème de corrosion sur des systèmes de sécurité dans plusieurs centrales.
"Décision totalement aberrante"
Plusieurs centrales nucléaires sont aujourd'hui le théâtre d'importants rassemblements de salariés comme à Gravelines, Bugey, Saint-Vulbas et Golfech, dans le Tarn-et-Garonne.
Délégué syndical CFE-CGC dans cette centrale qui emploi 800 personnes, Eric Kozlowski explique que cette décision de l'Etat est "totalement aberrante, prise sans en mesurer les conséquences à long terme. Elle va considérablement fragiliser EDF".
Pour lui, d'autres solutions existent, comme une TVA ramenée à 5,5% sur le prix de l'électricité, "mais visiblement, aucune autre piste n'a été étudiée par le gouvernement".
EDF a besoin d'investir pour faire face aux enjeux de lutte contre le réchauffement climatique.
Eric Kozlowski, délégué syndical CFE-CGC à la centrale nucléaire de Golfech
Des entreprises fragilisées par la hausse du prix de l'électricité
"Quand EDF a connu des difficultés, l'Etat (actionnaire à près de 84% d'EDF)
a toujours été présent. Et l'Etat sera toujours présent", a déclaré le patron des députés LREM Christophe Castaner, mercredi sur France 2.
Il a indiqué ne pas comprendre cette grève, "parce que quand vous avez la fierté d'être dans une entreprise publique comme EDF, vous assumez aussi de contribuer à la solidarité nationale".
Sans intervention pour obliger EDF à fournir de l'électricité à des prix plus bas, le gouvernement affirme que 150 entreprises françaises très consommatrices d'électricité auraient pu fermer.
Les tarifs réglementés auraient bondi de 45% le 1er février, selon le régulateur, qui calcule des hausses annuelles en fonction des prix du marché.
Fait rare, cette mesure gouvernementale a ému jusqu'aux plus hautes sphères de
l'entreprise : dans un message interne aux cadres d'EDF, le PDG Jean-Bernard Lévy a vivement critiqué la décision du gouvernement, un "véritable choc", qu'il a "combattue".
Pas de coupure de courant
Ce mouvement chez EDF vient se superposer à une grève catégorielle des agents
de l'énergie dans leur ensemble pour la revalorisation des salaires et pensions, à l'appel de la CGT, débutée mardi 25 janvier.
La grève, qui ne devrait pas occasionner de coupures de courant, a tout de même entraîné une baisse de la production de 2.500 MW dans la nuit de mardi à mercredi, jusqu'à 08H00 du matin environ, lorsque RTE a demandé l'arrêt des baisses. C'est l'équivalent de deux gros réacteurs nucléaires.