Le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) a démarré à nouveau, mi-décembre, avec plusieurs mois de retard en raison de problèmes à répétition. Une bonne nouvelle pour EDF, alors que quatre réacteurs viennent d'être mis à l'arrêt en France en pleine période hivernale.
Le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Golfech a calé au démarrage, le 13 décembre. L'installation s'est stoppée automatiquement, pour des raisons de sécurité, avant de repartir et de monter progressivement en puissance. La tranche 2 du CNPE tarn-et-garonnais est désormais connectée à nouveau au réseau électrique national. Une excellente nouvelle pour EDF.
Urgence à relancer le réacteur
Mercredi 15 décembre, le groupe a annoncé, par mesure de sécurité, l’arrêt de réacteurs de la centrale nucléaire de Chooz dans les Ardennes. Deux tranches de la centrale de Civaux dans la Vienne vont aussi rester fermées plus longtemps que prévu, "après la détection de fissures de vieillissements prématurés sur des circuits servant à refroidir les réacteurs en cas d’accidents" comme l'indique franceinfo radio.
Conséquence : 30 % du parc nucléaire français est à l'arrêt et pour éviter tout risque de coupures durant cet hiver, la France va importer de l’électricité d’Allemagne ou de Russie alors que les prix s'envolent.
Il y avait donc urgence à relancer le réacteur de Golfech, à l'arrêt depuis le 2 mai 2021. Mais en raison d'une succession d'aléas, ce redémarrage a été sans cesse repoussé. "La centrale a redémarré avec toutes les conditions de sécurité requises, assure Pierre Gaillard, vice-président de la Commission locale d'information (CLI) de Golfech. L'Autorité de sûreté nucléaire a donné son feu vert."
Accumulation de retards pour le réacteur n°2
Mais l'ancien employé d'EDF, durant 35 ans à la centrale de Dampierre-en-Burly (Loiret) et à Golfech, ne cache pas son étonnement : "c'est la première fois qu'il y a autant de décalage pour une telle opération."
Pour Jean-Paul Terenne, président de la CLI, "Il n’y avait pas de choses alarmantes dans le processus de redémarrage." Le maire de Donzac (Tarn-et-Garonne) reconnaît néanmoins que "ces incidents semblent être non modélisés et inconnus dans le vécu industriel de ces centrales nucléaires. Il est logique que la population soit interrogative sur la situation."
Une rencontre a récemment eu lieu entre les membres de la Commission locale d'information et la direction du centre nucléaire de production d'électricité.
Des incidents à répétitions inquiétants
Une rencontre qui s'est déroulée dans "la transparence" selon ses participants. "Ils ne sont pas dans le déni. Ils reconnaissent effectivement qu'il y a des choses à reprendre et à revoir." Difficile de faire autrement après la publication d'un rapport de l'ASN en 2020 très critique sur la sécurité de l'exploitation, pointant le manque de rigueur systémique."
"Depuis notre rencontre avec la direction du CNPE, deux autres évènements sont intervenus à Golfech, révèle Gilles Compagnat, vice-président de la CLI et également ainsi technicien d'EDF à la centrale de Golfech. Le réseau EDF semble très instable ce qui a entrainé une variation de la turbine et donc sur la puissance du réacteur."
Pierre Gaillard ne s'en cache pas. Les membres de la CLI sont "quand même inquiets".
Le réacteur n°1 à l'arrêt pour six mois
Au coeur des préoccupations, la multiplication des incidents causés par des problèmes d'organisation ou par l'Homme. "Cet aspect me surprend et m'interroge, reconnait Gilles Compagnat. D'autant plus que, le plus souvent, ce sont des "têtes d'équipes" qui ont été impliquées ces derniers mois. C'est à dire des personnes plutôt bien formées et qui ont de l'expérience. Qu'est ce qui se passe ?"
L'anecdote rapportée par l'ASN évoquant des techniciens mangeant sur le pupitre de la centrale est ce qui a fait "le plus bondir" l'ancien pilote de réacteur dans les années 80. "Cela traduit une certain inconscience. C'est inadmissible !" regrette-t-il
En février prochain, c'est le réacteur numéro 1 de la centrale nucléaire de Golfech qui sera mis à l'arrêt pour au moins six mois, dans le cadre de son inspection décennale. Celle de la tranche n°2 prévue pour 2023 pourrait être repoussée en raison de cette accumulation de retards.