Les mesures de confinement touchent de plein fouet les petits producteurs. Avec la plupart des marchés annulés ou réduits, ils doivent trouver des solutions pour continuer à vivre de la vente de leurs produits. Exemple à Caylus (82) avec un couple de producteurs de fromage de chèvre.
En temps normal, Sandrine Ardourel-Tabarly fait quatre marchés par semaine pour vendre son fromage de chèvre fermier. Mais depuis le début du confinement, elle et son compagnon, Christian Mouilhac, ont dû faire preuve d’inventivité pour continuer à faire vivre leur petite exploitation d’une centaine de chèvres située au-dessus du village de Caylus dans le Tarn-et-Garonne.
Car, si la vente des fromages a vite baissé avec la fermeture ou réduction des marchés, les chèvres continuent à produire du lait. “Une des premières choses que l’on a fait, c’était de passer à la monotraite, de traire une fois par jour au lieu de deux pour limiter le surplus,” explique Christian. Malgré cette technique, le couple d’associés se retrouve rapidement avec des litres de lait en trop et une fromagerie qui déborde.
Dépassée, Sandrine lance un appel sur les réseaux sociaux pour trouver des clients :
Une “solidarité incroyable”
“Les gens ont répondu très vite, la solidarité a été incroyable !” s’enthousiasme-t-elle. Rapidement, elle est contactée pour des livraisons à domicile, des commandes à retirer directement à la ferme façon “drive” et même par des groupements d’achat, notamment sur la commune de Septfonds à une dizaine de kilomètres.“Quand j’ai vu passer cet appel sur Facebook, je me suis dit que c’était une bonne occasion pour notre groupe de soutenir des producteurs locaux,” explique Nadine Sinopoli, membre du réseau Civam (association pour l’agriculture solidaire) local et future maire de Septfonds. Elle fait passer le message, et obtient une vingtaine de commandes auprès des “mangeurs” du village, un “vrai effet boule de neige!”
Pour Sandrine et Christian, ce sont des clients en plus mais surtout des rencontres, un contact avec les gens qui, malgré la distance physique, s’établit au-delà des barrières invisibles du confinement. Une expérience humaine qu’ils souhaitent poursuivre même après le retour à la normale. “[Faire des livraisons] c’est une autre organisation, mais je vais garder ça parce que j’adore, j’adore ! Les gens sont tellement gentils...” sourit Sandrine.
Malgré tout, les pertes financières vont être lourdes : de 60 à 70 % en moins comparé à leur revenu habituel sur cette période selon Christian. “Nos salaires sautent, évidemment, mais le plus important c’est de pouvoir continuer à s’occuper des bêtes.” Il conclut : “Nous on ne va pas mourir de faim… On mangera du fromage, tant pis !”