Plus de téléphones portables dans certains collèges à la rentrée : "vous n'imaginez pas à quel point ces smartphones polluent l'école"

La ministre de l’Éducation démissionnaire, Nicole Belloubet, a annoncé qu’une «pause numérique» serait expérimentée dans 200 collèges, avant d’être «généralisée dès janvier 2025». Quinze établissements sont concernés dans l'académie de Toulouse. Parmi eux, le collège du Pays de Serres dans le Tarn-et Garonne. Explications.

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Les 300 élèves du collège du Pays de Serres dans le Tarn-et-Garonne s'apprêtent à vivre une petite révolution pour cette rentrée 2024.  Leur établissement fait partie des 200 collèges de France choisis pour expérimenter la "pause numérique" voulue par la ministre de l'Education démissionnaire, Nicole Belloubet. 

Il s’agira pour cela d’installer des casiers dans les collèges, dans lesquels les élèves devront déposer leur portable. Car si le téléphone est interdit au collège depuis 2018, la règle n’est pas forcément respectée en salle de classe, mais surtout dans les autres espaces, des couloirs aux cours de récréation. 

Dans l'académie de Toulouse, 15 autres établissements sont concernés par cette expérimentation, avant d’être «généralisée dès janvier 2025». 

Un fléau enfin endigué ?

"Je n'ai pas hésité une seconde à me lancer dans cette réforme", souligne Chakibe Boucheyoukh, principal du collège du Pays de Serres à Lauzerte dans le Tarn-et-Garonne. "Vous n'imaginez pas à quel point ces téléphones polluent le quotidien de l'école et ce malgré l'arsenal de punitions dont nous disposons pour dissuader les élèves". 

Cours perturbés, enseignants et élèves filmés à leur insu, harcèlement, fausses rumeurs. Les smartphones sont un véritable fléau dans tous les collèges de France, qu'ils soient en zone urbaine ou rurale. 

Des casiers sous clés pour chaque classe 

Chakibe Boucheyoukh a donc investi dans l'achat de 12 casiers pouvant chacun contenir 38 téléphones. Chaque classe disposera de son propre casier et chaque élève dispose d'un numéro dans le casier attribué à sa classe. 

Le matin en arrivant dans l'établissement chaque élève dépose son téléphone dans le numéro qui lui a été attribué. Une fois tous les élèves en classe le casier est mis sous clé jusqu'au soir.

Chakibe Boucheyoukh

Les casiers ont été installés devant la vie scolaire pour éviter les vols et le dépôt/récupération de téléphone se fera sous le regard d'un surveillant.

Les horaires de sortie de classe vont être modifiés selon la logique suivante : un départ toutes les 5 minutes selon le niveau de la classe. L'objectif étant de créer une sortie échelonnée où chaque élève puisse récupérer son téléphone dans le calme. 

Pour équiper son établissement, le collège du Pays de Serres a déboursé environ 1000 euros, soit le prix d'environ 13 casiers. 

Le prix aussi de la tranquillité selon le principal du collège Tarn-et Garonnais. 

"Certes c'est un investissement et une organisation à mettre en place mais il y aura des bénéfices importants en contrepartie. D'abord la fin des confiscations de smartphones qui sont chronophages pour l'équipe pédagogique. Ensuite et surtout l'apaisement du climat de l'école. Il y a tant de problèmes internes générés par ces téléphones" estime le principal. 

" Des CPE transformés en vigiles" 

Un point de vue qui ne fait pas l'unanimité au sein de l'Education Nationale. 

Pierre Priouret, secrétaire académique du Snes-FSU en Haute-Garonne voit dans cette "pause numérique" une surcharge de travail pour les équipes pédagogiques. 

Les CPE vont devoir se transformer en vigile et ça n'est pas leur métier. C'est trop lourd à mettre en place et pendant ce temps on ne parle pas des vrais problèmes de l'Education Nationale

Pierre Priouret, secrétaire académique du Snes-FSU en Haute-Garonne

Selon Pierre Priouet, il faut aussi anticiper les " fraudes" ou les subterfuges mis en place par certains élèves. " Chaque année lors des épreuves du bac, certains candidats déposent un téléphone factice devant la salle d'épreuve et conservent leur vrai smartphone", relate le délégué syndical. 

Répression et éducation 

Chakibe Boucheyoukh, lui, est persuadé de l'intérêt de cette pause numérique, si et seulement si, elle est accompagnée de plusieurs actions de sensibilisation. 

Le chef d'établissement a ainsi imaginé une série de rencontres et d'évènements pour expliquer aux parents et aux enfants l'intérêt de ce nouveau règlement. 

" Et puis il va falloir aussi occuper l'esprit des enfants qui vont se trouver désœuvrés sans leurs smartphones" souligne-t-il. 

Un nouveau club lecture va donc voir le jour au collège du Pays de Serre. L'occasion de dialoguer sur d'autres sujets que les dernières publications d'Instagram, Tik Tok ou Snapchat.

"Je suis certains que la majorité des parents d'élèves vont adhérer à cette réforme. Et les enfants, eux aussi, en ressentiront rapidement les bénéfices. Car ils seront libérés de cette pression numérique" assure le chef d'établissement.

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