La procureure d'Albi et les services de l'Etat ont présenté vendredi 24 novembre, de nouvelles mesures pour prendre en charge les auteurs de violences familiales. Interview.
À l'occasion de la journée internationale des violences faites aux femmes, les services de l'Etat du Tarn ont signé une convention afin de mettre en œuvre un accompagnement des auteurs de violence intrafamiliale. Un dispositif que nous explique Stéphanie Bazart, la procureure d'Albi.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ce nouveau dispositif qui s'adresse aux auteurs de violences intra familiales ?
Stéphanie Bazart : Jusqu’à présent nous n'étions que sur une prise en charge des victimes et qui va continuer bien sûr. Ce qui est nouveau, c'est l'accompagnement et la responsabilisation des auteurs de violence conjugales. L'idée est d'avoir un impact sur la prévention de la récidive et faciliter la réinsertion.
Concrètement, quelles sont les mesures mises en place ?
S.B : La première mesure passe par l'hébergement avec l'éviction du conjoint violent du domicile familial. Cela peut en effet être très compliqué quand il y a des enfants. L'idéal, c'est de mettre à disposition un appartement sur un temps donné. Cela permet à l'auteur de se réorienter, de se raccrocher au droit commun. Dans un second temps, c'est le déploiement d'un accompagnement global à visée thérapeutique avec par exemple des groupes de parole, mais aussi un suivi social, légal (garde d'enfant) ou de lutte contre l'addiction.
Ce qu'il faut également souligner, c'est que cet accompagnement est également accessible en dehors du cadre judiciaire. Par exemple pour des personnes qui se sentent proches de passer à l'acte et qui souhaiterait de l'aide pour l'éviter.
Combien de personnes sont-elles accompagnées dans le Tarn ?
S.B : Huit personnes sont déjà prises en charge et deux appartements ont été mis à disposition. C'est pour le moment une année d'expérimentation. 2024 sera consacrée à trouver de nouveaux financements.
Comment peut s'articuler ce nouveau dispositif avec les mesures de protection déjà existantes ?
S.B. : C'est un complément aux bracelets anti-rapprochement ainsi qu'aux téléphones d'urgence qui vont continuer de servir à protéger les victimes. C'est la même chose pour "La maison des femmes", qui va continuer d'accompagner les victimes.
L'idée n'est pas de se faire concurrence mais de dire que dans certains cas, l'accompagnement de la victime doit être mis en corrélation avec la prise en charge de l'auteur pour éviter toutes réitérations avec le conjoint ou même les prochains, s'il devait y en avoir.