Affaire Delphine Jubillar : les cris entendus par la voisine et la paire de lunettes cassée au coeur de la reconstitution

La reconstitution a duré six longues heures, dans la nuit du mardi 13 décembre 2022 pour tenter de comprendre ce qui s’est passé au cours de cette nuit du 15 au 16 décembre 2020 au domicile du couple Jubillar, à Cagnac-les-Mines (Tarn). Les versions de la défense et des parties civiles continuent à se faire face.

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Un Cédric Jubillar, "égal à lui-même stoïque, ne laissant pas transparaître d’émotions particulières", selon Me Mourad Battikh, a participé jusqu'à 2 heures du matin, mercredi 14 décembre 2022 à la reconstitution. Six longues heures pour tenter de comprendre ce qui s’est passé au cours de cette nuit du 15 au 16 décembre 2020 au domicile des Jubillar, cette maison inachevée perdue au milieu d'un lotissement de Cagnac-les-Mines (Tarn). Le mari de la jeune femme aurait été "peu questionné", d'après ses avocats, et "a fait ce qu’on lui a demandé de faire". 

Les cris et les lunettes

Les avocats des parties civiles sortent néanmoins satisfaits, après avoir entendu et vérifié les témoignages, notamment celui de la voisine qui a entendu des cris d’effroi peu après 23 heures. "Nous avons pu constater que les cris de la voisine ont pu être entendus à plus de 130 mètres de distance sans difficulté. Le témoignage de la voisine est donc d’autant plus crédible ce soir" estime Me Mourad Battikh, avocat de l’oncle, la tante et les cousins de Delphine Jubillar.

Un point de vue que ne partage pas Me Emmanuelle Franck, avocate de Cédric Jubillar :"Vous avez cette voisine qui est à 140 mètres qui explique qu’elle a entendu cette nuit-là des chiens qui se battaient et une dame qui criait pour les séparer. Et on reconstitue quelque chose qui n’a rien à voir. À savoir, une dame qui hurle à la mort, sans aucun chien, et à qui on demande si c’est ce qu’elle a entendu. "Oui mais pas vraiment car il n’y avait pas de chiens et la dame ne criait pas comme ça" a-t-elle répondu aux enquêteurs. On reconstitue une scène qui n’est pas conforme à la réalité et on se garde bien de vérifier que les voisins immédiats ont entendu, eux quelque chose.

La paire de lunettes brisées retrouvée en plusieurs morceaux dans le logement du couple alimenté les interprétations. Pour les parties civiles, elle serait la preuve matérielle d'une dispute entre Cédric et Delphine, corroborée par le témoignage de leur fils Louis et donc celui de la voisine. 

Pour la défense : où sont les preuves ? 

Du côté de la défense, on se contente de garder le même argumentaire : l'absence de preuves. Cette reconstitution n'aurait servi à rien. "Ce dossier reste mystérieux. Ce dossier reste sans preuves. Ce dossier nous est présenté sans thèse solide. C’est la preuve du vide sidéral de l’accusation" assène Me Alexandre Martin. 

"On se rend compte qu’il n’y a pas le moindre commencement de preuves ou de quoi que ce soit, renchérit Me Emmanuelle Franck. Il n'y a pas de scène de crime. On ne nous explique aucun geste. Aucun élément matériel n’est apporté. Donc cela n’est pas décevant, car on s’y attendait, mais c’est surprenant de constater que deux ans après on n'est toujours pas capable d’amener quelque chose de concret autrement que déductif."

Mercredi matin, la commune de Cagnac-les-Mines a retrouvé un semblant de calme, sans enquêteurs, sans avocats, sans journalistes, mais toujours sans Delphine Jubillar.

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