Jeudi 18 janvier 2024, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse (Haute-Garonne) va focaliser l'attention des acteurs de l'affaire Delphine Jubillar. Alors que les juges d'instruction semblaient avoir conclu leur enquête avec un seul suspect, Cédric Jubillar, de nouveaux éléments suscitent des doutes et pourraient influencer le cours de l'affaire.
Ce jeudi 18 janvier 2024, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse se penche sur l'affaire de la disparition de Delphine Jubillar, survenue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines dans le département du Tarn. Les juges d'instructions estiment avoir terminé leur enquête dans laquelle émerge un seul suspect : l'époux de la victime, Cédric Jubillar. Un procès était annoncé dans le courant de l'année 2024. Mais de nouveaux éléments rebattent les cartes. Le délibébré de la chambre d'instruction sera rendu le 8 février 2024.
1. Supplément d'information demandé : Le procureur général de Toulouse, Franck Rastoul, a requis un supplément d'information dans le dossier du meurtre de Delphine Jubillar. Cette demande intervient deux mois après la mise en accusation de Cédric Jubillar et sa demande de renvoi devant une Cour d'assises. La requête du procureur général sera examinée jeudi 18 janvier 2024.
2. Conversation téléphonique intrigante : Cette demande du parquet général intervient alors que les juges d'instructions en charge de cette enquête avaient rendu leurs conclusions demandant le renvoi de Cédric Jubillar devant une cour d'assises. Mais une conversation téléphonique entre un détenu de la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et sa mère, enregistrée fin novembre 2023, a relancé la machine à doutes. Lors de cet échange, la mère du détenu lui apprend que Cédric Jubillar va être renvoyé devant une Cour d'assises. Il aurait répondu : "Mais il n'y a pas de preuves, pas de preuves... Et Sofiane, et Sébastien et Mathieu, ils les connaissent pas !"- Ah ! s'ils savaient...", répond sa mère au téléphone, dans un léger rictus", a révélé la Dépêche du Midi. La justice cherche donc à vérifier qui sont ces protagonistes évoqués et s'ils ont un lien réel avec cette affaire.
3. Un procès reporté à 2025 ? : L'audience de ce jour pourrait avoir des répercussions majeures sur l'évolution du dossier. La chambre de l'instruction devra se prononcer sur la demande de supplément d'information, en liant avec ces nouveaux éléments à vérifier, tout en examinant l'appel des avocats de Cédric Jubillar contre l'ordonnance de mise en accusation. Si la demande est acceptée, le procès, initialement attendu fin 2024 ou début 2025, pourrait être reporté.
4. Plainte contre les juges d'instruction : Les avocats de Cédric Jubillar ont décidé de porter plainte auprès du Conseil supérieur de la magistrature contre les deux juges d'instruction. Dans leur ordonnance de mise en accusation, les magistrats instructeurs estiment que "l'ensemble des éléments recueillis lors de l'information judiciaire démontre que Cédric Jubillar est l'auteur du meurtre de son épouse." La phrase ne passe pas chez les avocats du mari de la victime. "C'est un scandale de ne pas respecter la présomption d'innocence, d'écrire noir sur blanc que Cédric Jubillar est le meurtrier alors qu'il n'a pas été jugé. (...) Cette horreur judiciaire doit sortir du dossier", a asséné Me Emmanuelle Franck lors d'une conférence de presse en novembre 2023. Selon elle, l'accusation s'est focalisée sur le mari de Delphine Jubillar et «la fabrication pure et simple d'un coupable».
5. Une affaire sans corps ni scène de crime : L'affaire Delphine Jubillar a suscité un vif émoi en France en 2020. La disparition de l'infirmière de 33 ans, mère de deux enfants, reste sans corps, aveux, témoin, ou scène de crime. Cédric Jubillar, actuellement âgé de 36 ans, nie toute responsabilité et clame son innocence depuis son incarcération en juin 2021.