Ce lundi 13 décembre, les surveillants de la maison d’arrêt d’Albi ont bloqué l’accès à l’établissement. En cause : la surpopulation carcérale. En juin dernier, ils avaient déjà débrayé pour alerter sur leurs conditions de travail et conditions de vie des détenus. Sans succès.
183 détenus pour 105 places théoriques. Dans la maison d'arrêt d'Albi, le taux d'occupation avoisinait 175% au 8 décembre 2021. C'est plus que la moyenne nationale : le taux d'occupation des maisons d'arrêt atteignait 132% au 1er juillet 2021.
« Le seuil de tolérance n’est plus acceptable », énonce clairement Christy Nicolas, secrétaire général adjoint du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS). Ce lundi 13 décembre, 25 surveillants pénitentiaires de la maison d'arrêt d'Albi, soit près de 90% d'entre eux, ont décidé de bloquer l'établissement de 6 heures du matin à midi.
De fait, le reste du personnel ne peut pas accéder à la maison d'arrêt, et les extractions judiciaires comme les livraisons sont contrariées. Un mal nécessaire, selon les surveillants pénitentiaires. D'autant que ce n'est pas la première fois qu'ils alertent sur leurs conditions de travail et sur celles de vie des détenus.
"Il n'y a plus de dignité humaine"
En juin 2021, une quinzaine de surveillants de la maison d'arrêt d'Albi avait lancé une série de débrayage pour dénoncer la surpopulation carcérale. "Un premier coup de semence", d'après le secrétaire général adjoint du SPS, qui n'a visiblement pas porté ses fruits. La situation a même empiré depuis."
La "situation" en question, c'est une quarantaine de détenus contraints de dormir sur des matelas à même le sol. Dans de nombreux cas, trois détenus se retrouvent à partager une cellule de 9 m². "Il n'a plus de dignité humaine quand vous êtes à trois dans 9 m², dont un qui dort au sol, tempête Olivier Bernot, responsable local UFAP-UNSA. Si des détenus arrivent aujourd'hui, on ne saura pas où les mettre."
Une surpopulation qui inquiète les surveillants quant à leur propre sécurité. "Ce surencombrement provoque des incidents au quotidien, déplore Christy Nicolas. Il génère des tensions entre détenus, ce qui peut se retourner contre le personnel pénitentiaire. Ca fait un effet boule de neige qui devient très difficile à gérer."
Une possible reconduction du mouvement
La semaine dernière, la Direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) s'est engagée auprès des surveillants à effectuer rapidement des transferts de détenus pour désengorger la maison d'arrêt d'Albi. "Si on voit que rien n'a bougé significativement d'ici quelques semaines, le mouvement se durcira", prévient Olivier Bernot.
Au 8 décembre, la maison d'arrêt d'Albi comptait 183 détenus pour 105 places théoriques. Depuis, cinq d'entre eux ont été transférés vers d'autres établissements pour tenter de soulager les surveillants pénitentiaires.
De son côté, la direction de l'établissement n'a pas souhaité s'exprimer.