Un Albigeois rejugé en appel en Grèce pour avoir aidé ses beaux-parents syriens à rejoindre la France

Stéphan Pélissier, poursuivi devant la justice grecque pour "trafic de clandestins", avait été condamné à 7 ans de prison ferme en 2017 pour avoir tenté d'aider sa belle-famille syrienne à rejoindre la France. Rejugé en appel ce vendredi, l'Albigeois raconte sa mésaventure dans un livre.

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"Je voulais juste sauver ma famille", tel est le titre du livre, qui sort ce 28 février aux éditions Michel Lafon, dans lequel Stéphan Pélissier, un juriste de la Poste d'Albi raconte le chauchemar judiciaire qu'il vit avec son épouse syrienne Mouzayan depuis qu'à l'été 2015 il s'est rendu en Grèce pour venir en aide à sa belle famille fuyant la Syrie et la guerre. 
 

Un livre pour raconter son cauchemar judiciaire

Alors que le territoire de Daesh s'étend et que les jihadistes progressent vers Damas, la famille Alkhatib (les parents, la soeur et le frère de l'épouse de Stéphan Pélissier) passe en Turquie, où elle embarque à bord d'un canot pneumatique de fortune, manque de couler au large de l'île de Samos, pour être récupérée in extrémis par des gardes-côtes, et arriver enfin à Athènes où Stéphan les rejoint avec son break Dacia Logan.

Stéphan achète des billets pour embarquer sur le ferry qui relie le port grec de Patras à celui d'Ancone en Italie. Mais l'équipage attire l'attention des douaniers grecs. Ces derniers ne veulent rien savoir du livret de famille de Stéphan Pélissier et de ses liens de parenté avec la famille Alkhatib.

La famille syrienne est emprisonnée une nuit, le véhicule saisi, et le gendre sommé de payer une caution avant de regagner la France en avion. La famille Alkhatib continue seule un long périple jusqu'en Allemagne, où Stéphan parvient à la récupérer et à la rapatrier à Albi.
 

Poursuivi pour avoir tenté de sauver la famille de son épouse syrienne

Mais deux ans plus tard, alors que les membres de la famille syrienne  accueillis à Albi ont obtenu le statut de réfugié en France, Stéphane Pélissier est convoqué devant le tribunal de Patras, poursuivi pour "trafic de clandestins". Il écope de 7 ans de prison ferme, et fait immédiatement appel du jugement. 

"Je suis donc poursuivi pour avoir tenté de sauver mon beau père, ma belle-mère, mon beau-frère et ma belle-sœur. Poursuivi comme un vulgaire passeur, poursuivi comme un criminel, par un état européen. J’ai pourtant prouvé aux autorités grecques le lien de parenté. Je suis d’autant plus scandalisé que l’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier n’est pas poursuivie lorsqu’il s’agit de membres de la famille, même lorsque les faits se déroulent hors de France dans un pays européen ou appartenant à Schengen.", écrit-t-il alors, en vain, au président de la république Emmanuel Macron.
 

L'Albigeois a envoyé une vidéo aux juges grecs pour son procès en appel

Stéphan Pélissier a décidé de ne pas se rendre en Grèce au procès en appel qui doit se dérouler ce vendredi. Sa confiance en la justice grecque a été largement ébranlée ces deux dernières années. Pour autant, il n'entend pas se "défiler". "J'ai envoyé une vidéo aux juges grecs via mon avocat", confie-t-il. "Je m'excuse de ne pas être présent au procès et leur indique que je me soumettrai à leur décision. Et bien sûr, je leur rappelle n'avoir fait que venir en aide à ma belle-famille en grand danger". Son beau-père y a également joint une autre vidéo dans laquelle il raconte le cauchemar vécu par la famille.

Stéphan Pélissier, qui sera ce vendredi l'invité du 19/20 de France 3 Midi-Pyrénées, espère bien pouvoir y annoncer sa relaxe ou à tout le moins "un jugement beaucoup plus clément".

Dans l'attente de la décision de la justice grecque, Stéphan Pélissier demeure fébrile. Mais il garde espoir. Un représentant de l'ambassade de France en Grèce assistera à l'audience, lui a fait savoir le cabinet de la ministre des affaires européennes Nathalie Loiseau.

Façon habile pour les autorités françaises d'apporter son soutien à Stéphan Pélissier, sans interférer dans la justice grecque ?

En tous cas, "un représentant de l'ambassade ne se déplace pas lorsque le profil du prévenu est douteux", fait observer le juriste d'Albi. 

 
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