Amiante: les victimes attendent un procès pénal contre Eternit, après plus de 25 ans de combat

Le 23 janvier, le parquet de Paris rendra sa décision quant à l'ouverture ou non d'un procès pénal contre Eternit. Aller devant le tribunal correctionnel permettrait la reconnaissance du scandale sanitaire de l'amiante et de la culpabilité des dirigeants.

On ne sait même plus au combientième nous sommes dans l’affaire Eternit. Une chose est sure, c’est que la décision que doit rendre le parquet de Paris demain est très attendue. Il décidera de si oui ou non, un procès pénal sera ouvert, donnant l’occasion aux victimes tarnaises de l'amiante de l'usine Eternit de Terssac de s’exprimer. Un combat qui dure depuis 27 ans.

L’espoir d’un procès pénal

"C’est très important pour nous d’aller devant le tribunal correctionnel. Un premier procès d’une industrie Eternit permettrait de comprendre ce qu’il s’est passé et pourquoi on a utilisé l’amiante pendant 20 ans alors qu’on savait très bien qu’elle était très dangereuse", exprime Jean-Marie Birbes, très touché.

S’il ne cherche pas des responsables dans cette affaire, Jean-Marie Birbes espère simplement "que cela ne se reproduise plus. C’est une question d’humanité". Aujourd’hui, les principaux responsables sont morts ou atteints de la maladie d’Alzheimer. Seul un est encore en vie.  

Depuis plus de 27 ans, ces travailleurs de l'amiante se battent juridiquement pour un grand procès au pénal en France, comme celui qui s'est tenu en 2011 en Italie, où les responsables ont été condamnés à 20 ans de prison.

Le combat d’une vie

Rentré à Eternit en décembre 76, à l’âge de 21 ans, Jean-Marie en a aujourd’hui 68. Depuis près de 50 ans, il se bat contre son entreprise. D’abord en tant que syndicaliste pour améliorer les conditions de travail, puis pour aller vers le bannissement de l'amiante. Il prend ensuite la présidence de l’association Henri Pézerat, pour défendre les victimes de l’amiante, dans le Tarn. "C’est toute une vie."

Si le parquet de Paris n’ouvre pas ce procès, "ça serait une grosse déception" pour Jean-Marie Birbes, ses camarades encore en vie et les familles des disparus. "Il n’y a que là qu’on pourra s’exprimer publiquement. C’est une question de justice. S’il n’y a pas de procès au pénal de l’amiante, tout ce que l’on aura fait disparaîtra dans le temps."

"Ce n’est pas normal qu’on ait tué des gens pour faire du profit"

Plongé dans d’anciennes photos avec ses collègues de travail, Jean-Marie Birbes ressent toujours cette injustice. "Ça a été tellement violent. On a travaillé ensemble, on a lutté ensemble et aujourd’hui, ils sont partis. Quand on regarde ces photos, c’est un nombre important de copains qui ne sont plus là. Ce n’est pas normal qu’on ait tué des gens pour faire du profit."

Mésothéliome (cancer pleural) ou cancer-bronco-pulmonaire, Jean-Marie Birbes a vu ses camarades partir les uns après les autres, et aujourd’hui encore. "On vieillit et on voit que les choses s’aggravent. Il y a de plus en plus de mésothéliome qui se déclenchent régulièrement." En effet, en France, le dossier de l'amiante concerne 100 000 personnes exposées à l'amiante, qui pourraient décéder de mésothéliome d'ici 2025. 

Le scandale sanitaire de l'amiante n'a encore donné lieu à aucun procès pénal en France. Pourtant, le caractère cancérogène de l'amiante est connu depuis les années 50.

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