Archéologie : les fouilles de l'abbaye Saint-Michel à Gaillac révèlent leurs premiers secrets

A l'été 2020, durant quatre mois, des fouilles ont été menées au pied de l’abbaye Saint Michel à Gaillac (Tarn) au bord d’un ancien cimetière médiéval. Les données archéologiques dévoilent une part oubliée de l'histoire de la cité viticole tarnaise.

La longue tranchée, profonde et étroite, creusée à l'été 2020 dans la petite rue Saint-Michel, le long de l'abbaye du même nom, n'est plus visible. Elle a été comblée. Les fouilles qui y ont menées n'ont pas été faites au hasard. 

Il y a plus de 600 ans se situait à cet endroit les limites d'un ancien cimetière médiéval. Durant 4 mois, ce fossé a permis aux archéologues de découvrir des sépultures et des caveaux contenant les ossements de près de 400 personnes. 

Des traces sur les ossements

Certains sont très bien conservés, et permettent, après analyse, d’en savoir plus sur le passé médiéval de la ville. "Nous avons pu voir plusieurs traces sur les ossements. Vous avez par exemple ici des traces de coups, ou encore des traces de sollicitation physique, explique Emmanuelle Beaussac, anthropologue de l'équipe de recherche, qui tient entre ses mains un crâne. Nous avons pu mettre en évidence que la population était soumise à une activité physique régulière, voire intensive parfois. Donc nous imaginons plutôt une population de manutentionnaires qui travaillaient peut-être dans les vignobles alentour, dans les champs."

Les corps de ces habitants auraient tous été inhumés entre le Xe et le XVe siècle. Le rare matériel trouvé auprès de ces dépouilles permet, notamment, d'affirmer, que malgré la proximité de l’abbatiale, il ne s’agit pas seulement d’hommes ou de moines, mais aussi de femmes et d’enfants.

Des systèmes de fermeture, des bagues, des pinces à épiler...

Laure Leroux, archéologue, a dans ses mains un étrange objet en fer rouillé. Elle nous présente quelques-uns de ces objets : "d’une part, il y a les systèmes de fermeture et de réouverture des caveaux pour permettre de déposer successivement des corps. On peut aussi avoir ce genre de petite bague et, plus étonnant, on peut avoir une pince à épiler, qui correspond peut-être aussi à la préparation du corps pour les funérailles."

L'ensemble de ces artefacts représentent des fragments d'histoire, essentiels pour cette ville viticole, installée au bord du Tarn. "Ceci permet d’avoir des preuves de l’histoire de Gaillac, c'est-à-dire une ville très ancienne, alors que pendant, longtemps, on a dit que Gaillac était née en 972. Ce qui est absolument faux" se réjouit l'adjoint au maire de la commune chargé de la culture et du patrimoine, Alain Soriano.

La ville de Gaillac bien plus vieille que 972 après J.-C. 

Il est, en effet, communément admis que Raymond 1er de Rouergue donna ces terres, situées sur les bords du Tarn, à l’abbé Saint-Michel à cette date. Une communauté bénédictine de l'abbaye Saint-Michel initia le développement de l'exploitation et du trafic commercial du vin.

Les fouilles de 2020 permettent de remettre en cause cette affirmation. Les traces d'une vaste bâtisse antique, probablement dédiée à la viticulture, ont été retrouvées par les archéologues. Ses fondations, sous l’abbatiale, datent du 1er ou 2e siècle après J.-C. 

(Avec Auriane Duffaud et Hermione Pacione).

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