Une pelle de chantier, utilisée pour les fouilles d'archéologie préventive sur le chantier de la future autoroute A69 dans le sud du Tarn a été saccagée durant le week-end du 3 décembre. Un acte revendiqué par un collectif opposé au projet autoroutier.
Les dégradations sur l'engin n'ont été découvertes que le lundi 5 décembre 2022 dans la matinée sur le chantier de l'INRAP, près de la ville de Castres (Tarn), du projet autoroutier de l'A69. Durant le week-end, les vitres de la pelleteuse ont été cassées, la cabine et le pot d'échappement remplis de mousse expansive polyuréthane. L'engin est inutilisable. L'entreprise lotoise Montagnac a perdu 200.000 euros en quelques minutes.
"NON à l'A69 !"
"C'est la deuxième fois en quinze jours, constate désabusé le gérant de la société de transport, Mathieu Montagnac. La première fois, la pelle de chantier avait été taguée de slogans contre l'autoroute A69."
Difficile d'échapper sur les photos aux slogans "NON à l'A69", inscrits à plusieurs endroits de l'engin à la bombe noire.
Un acte revendiqué auprès des médias par un collectif dénommé La Buse. Dans un message, ce groupe dénonce, ce qu'il considère être, "les aberrations de ce projet autoroutier destructeur". Selon eux, ce projet profite à "la mafia locale, sous perfusion des laboratoires Pierre Fabre" et ayant comme conséquence de "durablement contaminer" les sols et les nappes phréatiques, de "saccager la biodiversité et de décupler les émissions carbone".
Nous sommes profondément déterminé.es à lutter contre ce système dangereux, qui mêle entreprises puissantes, État complice et collectivités locales soumises. Ainsi, nous organisons la résistance pour que ce projet ne voit jamais le jour. (...) Du sang coule sur les mains de ceux qui portent ces projets criminels. Et la culpabilité les suivra jusque dans les livres d'histoire. Nous ne céderons rien, jusqu'à ce que nous soit rendu notre avenir.
Collectif La BuseCommuniqué de revendications mardi 6 décembre 2022
Des faits dénoncés par le préfet du Tarn, François-Xavier Lauch : "ce n'est pas anodin de s'en prendre à une pelleteuse, ce n'est pas anodin de déplacer des piquets de l'INRAP sur un chantier, ce n'est pas anodin de réaliser de telles inscriptions. C'est illégal. C'est même pénalement répréhensible. Nous nous parlons entre autorité administrative et judiciaire. Malheur à eux s'ils sont pris la main dans le sac pour ce sujet. La réponse pénale sera très dure. J'ai demandé particulièrement aux policiers et aux gendarmes de se mobiliser pour identifier ces personnes. Je sais que la majorité des habitants du sud du Tarn souhaitent cette autoroute."
Des insultes quotidiennes
Depuis plusieurs mois, le collectif la Voie est Libre s'oppose pacifiquement et de façon festive à la réalisation de ce projet autoroutier entre Castres et Toulouse (Haute-Garonne). Mais ces actes de vandalisme viennent tendre une situation de plus en plus préoccupante. Le précédent tarnais de Sivens et sa zone à défendre (ZAD) sont dans toutes les têtes.
"Mes deux chauffeurs, qui travaillent sur place avec les 6 personnes de l'INRAP, se font quotidiennement insulter, s'inquiète le patron de l'entreprise de terrassement. L'entreprise Montagnac n'est en rien responsable de ce qui se passe. Nous ne faisons que notre travail."
Mathieu Montagnac espère qu'une solution soit trouvée afin que soient protégés ses collaborateurs. La décision revient au maître d'ouvrage de ce chantier. Une plainte a été déposée auprès de la gendarmerie.