Autoroute A69. "Des grenades en cloche explosant à hauteur de tête" : le chiffre peu crédible de la préfecture concernant le nombre de blessés

Quel est le bilan des affrontements qui se sont déroulés lors du grand week-end de rassemblement des opposants à l'A69, ces 8 et 9 juin 2024 ? Entre les autorités et les organisateurs de la mobilisation, les chiffres sont loin d'être les mêmes. Nous avons sollicité l'avis de l'observatoire toulousain des pratiques policières, présent sur place samedi.

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Entre les autorités et le collectif des opposants à l'autoroute A69, le bilan des blessés lors du grand week-end de rassemblement baptisé Roue Libre passe du simple au double. La préfecture du Tarn, citant les pompiers, a indiqué ce dimanche 9 juin 2024 que huit personnes avaient fait l'objet d'une prise en charge médicale, dont "quatre membres des forces de l'ordre et quatre manifestants". De son côté, le collectif La Voie Est Libre évoque "une quarantaine de blessés, dont trois blessures graves qui ont entraîné des hospitalisations."

"L'équipement était trop lourd pour faire si peu de blessés"

Dans un communiqué, le collectif co-organisateur de la mobilisation évoque "des blessures majoritairement causées par des tirs de grenades, des GM2L". Ces grenades, classées comme arme de catégorie A2, autrement dit comme matériel de guerre, ont un double effet : lacrymogène et assourdissant. "Avec 165 décibels, elle dépasse le seuil de douleur sonore. Et elle projette un gaz très irritant et des éclats de plastique capables de trouer des peaux", relève Amnesty international.

Samedi 8 juin, de nombreuses vidéos ont été publiées sur les réseaux sociaux où l'on peut voir des grenades exploser au milieu des manifestants. Dans l'extrait ci-dessous, une personne tombe à terre après l'explosion d'une grenade à ses pieds.

Pierre Bernat, membre de l'observatoire toulousain des pratiques policières, a suivi l'un des cortèges de manifestants, samedi 8 juin 2024 à Puylaurens. Et voici sa réaction immédiate au bilan des blessés dressé par la préfecture du Tarn :

Le bilan de la préfecture me semble impossible parce que l'équipement utilisé était trop lourd pour faire si peu de blessés.

Pierre Bernat, observateur des pratiques policières

Lui qui a observé plus de 150 manifestations dit avoir "rarement vu une telle précision des gendarmes. Ils réussissaient quasiment à 100% leurs tirs sur leurs objectifs."

Plusieurs types de grenades ont été lancées par les forces de l'ordre. Des désencerclantes, mais aussi des GM2L, "envoyées en cloche, par-dessus des alignements d'arbres, donc sans vision de ce qui se passe avec des explosions à environ deux mètres de hauteurs, donc à hauteur de tête", raconte Pierre Bernat. "Et là, on parle d'explosifs très, très lourds, donc ça m'étonnerait qu'il n'y ait que ça en bilan." Sur le terrain, le membre de l'observatoire toulousain des pratiques policières a vu plusieurs blessés, touchés aux jambes. Et des témoignages évoquent une blessure très grave à une jambe.

Mise en danger de part et d'autre

Pierre Bernat dit avoir assisté à des scènes avec des manifestants particulièrement organisés. "Plus que ce que nous, on s'attendait en tant qu'observateurs. Plus que ce que l'on avait vu sur l'A69." Face à eux, des forces de maintien de l'ordre en nombre, qui ont été surprises à plusieurs reprises. Ce qui a pu engendrer "des actions questionnantes sur le plan de la déontologie, avec des dizaines de tirs irréguliers avec des grenades lancées sans savoir où elles vont atterrir."

Ce qui fait dire l'observateur qu'il y a eu "une forme d'impréparation du côté des forces de l'ordre et une grosse préparation du côté des manifestants. Ce qui pousse à faire un maintien de l'ordre pas réfléchi qui met en danger, et les policiers, et les manifestants." Pierre Bernat relève un grand nombre de cocktails Molotov du côté des manifestants et des espèces d'arbalètes géantes, "un truc en roseau qui lance des projectiles assez loin."

Ambulances bloquées ?

Les organisateurs de ce week-end de mobilisation avaient mis en place leurs propres équipes d'ambulanciers. "Lors des évacuations, des ambulances avec des médecins ont été bloquées plusieurs fois par des contrôles de polices les empêchant de passer, forçant les ambulances à devoir contourner les barrages et à perdre un temps crucial pour la prise en charge des blessés", dénonce le collectif La Voie Est Libre.

L'observatoire toulousain des pratiques policières ne s'engage pas sur ce point. "On nous a effectivement appelés en nous disant qu'une ambulance était retenue", détaille Pierre Bernat. Mais le conducteur avec lequel il a pu échanger a expliqué qu'il attendait les pompiers et que c'était organisé ainsi.

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