Carmaux : le PS battu dans la ville de Jaurès après 128 ans de gouvernance socialiste

Le PS a été battu à Carmaux, la patrie de Jaurès. La liste citoyenne de Jean-Louis Bousquet remporte les élections municipales face au maire sortant socialiste Alain Espié. La fin d'un mythe pour la cité tarnaise vouée au socialisme depuis près de 130 ans.

Elle était gérée par les socialistes depuis le 15 mai 1892... une saga prend fin pour Carmaux, patrie de Jean Jaurès. Jean-Louis Bousquet est élu maire avec 49% des voix. Le maire socialiste sortant Alain Espié (liste PS, PC, EELV) perd l'élection municipale avec 34% des voix.

Jean-Louis Bousquet (Convergences citoyennes, DVG) est élu avec 49,04% des voix, alors que pour ce second tour des élections municipales, le candidat du Rassemblement national Christian Legris obtient 10% des voix.

Le fief de Jean Jaurès


Cette soirée du 29 juin met fin à une hégémonie socialiste qui aura duré bien plus d'un siècle. Jaurès, dont c'était le fief, a été député de la circonscription de 1893 à 1898 et de 1902 à sa mort. Et en mai 1892, les carmausins avaient choisi le socialiste Jean-Baptiste Calvignac, le premier d'une très longue lignée de maires socialistes.
 


La commune de 9 500 habitants se situe aux confins du Ségala, du Quercy, du Rouergue et du Languedoc. Elle est bâtie sur un important gisement de charbon, qui vient en appui à la traditionnelle production verrière du secteur.

Au début des années 1870, les besoins en charbon s'accroissent considérablement. Sa difficile extraction nécessite le recutement de nombreux mineurs. Ils sont environ 2000 en 1880, près de 3500 en 1900.

Première grève de mineurs en France


Mais cette évolution ne se fait pas sans heurts. En 1892, la grande grève des mines de Carmaux éclate à la suite du licenciement de Jean-Baptiste Calvignac, ouvrier de la mine et maire de la ville depuis le 15 mai 1892.

La Société des Mines de Carmaux lui reproche ses trop fréquentes absences à son poste depuis sa prise de mandat. Dans les faits, la direction sanctionne surtout le secrétaire général du syndicat de la mine qu'était aussi cet ajusteur de métier.

Le licenciement du maire syndicaliste

Les ouvriers des mines, de plus en plus revendicatifs, réclament alors un meilleur traitement. Une majorité d'entre eux est manoeuvre et sous-payée eu égard à la difficulté du travail et aux risques encourus. A l'époque, des enfants travaillent même à la mine. Jean-Baptiste Calvignac se consacre à la reconnaissance du travail des mineurs et au développement des idées socialistes.

Le mouvement de grève va s'étendre sur 3 années et toucher la verrerie. Les mineurs sont soutenus par Jean Jaurès qui est élu député du Tarn, comme socialiste indépendant, en janvier 1893 (voir encadré).

Jean Jaurès passe des républicains aux socialistes


La grève de Carmaux est la première grève qui ait eu lieu dans un bassin minier en France. D'autres ont suivi en force et en nombre sur tout le territoire. Elle serait pour certains historiens, à l'origine de la conversion de Jean Jaurès au socialisme. Carmaux, fief de Jaurès est devenue au fil du temps l'emblème du socialisme. Le député y a été réélu lors des législatives de 1902 portant le Bloc des gauches au pouvoir. 

Suite aux grèves dans la mine et à la verrerie de la fin du XIXe, cette dernière est devenue la verrerie autogérée d'Albi. Elle a perduré sous ce statut jusqu'en 1931. Elle a ensuite été transformée en SCOP (société coopérative ouvrière de production).

Après la fermeture du dernier gisement houiller en 1997, c'est donc une page qui se tourne à Carmaux. Non une révolution... la liste Convergences citoyennes qui l'a emporté ce dimanche se présentant comme divers gauche.   

 
Jean Jaurès : un homme engagé
Jean Jaurès est né à Castres en 1859. Il est mort assassiné à la veille de la première Guerre Mondiale. Issu d'une famille bourgeoise, il est agrégé de philosophie et enseigne à la faculté de Toulouse. Mais il débute sa carrière politique avant même son agrégation chez les républicains et devient en 1885, à 26 ans, le plus jeune député de France. Il prend le parti des ouvriers et propose un projet de retraites ouvrières. Il soutient la grande grève des mineurs de Carmaux en 1892, s'oppose aux « lois scélérates » qui visaient à réprimer le mouvement anarchiste, responsables d'attentats sous la IIIe République. Il dénonce la collusion du monde politique et de la presse avec les intérêts économiques. Il prend la défense du capitaine Dreyfus, fonde en 1904 le quotidien L'Humanité et fait partie des rédacteurs de la loi de séparation des Églises et de l'État. La même année, il participe à la création de la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO). Il plaide activement contre le déclenchement de la Première Guerre mondiale et n'hésite pas à brandir la menace d'une grève générale ouvrière au niveau européen. Son combat pour la paix lui coûte la vie. Il est assassiné par le nationaliste Raoul Villain le 31 juillet 1914. Sa dépouille repose au Panthéon depuis 1924.
 
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