Suite à une opération de contrôle du Codaf, la préfecture du Tarn a ordonné la fermeture d’un hébergement collectif de travailleurs au sein de l’établissement Saveurs Gourmandes, à Albi. Chambres de 5 m² cachées, absence de fenêtres et de chauffage, déchets et bouteilles d'urine... le rapport de l'inspection du travail est accablant.
La préfecture du Tarn a ordonné la fermeture d’un hébergement collectif de travailleurs au sein de l’établissement Saveurs gourmande (Albi), suite à une opération de contrôle du comité opérationnel départemental de lutte anti-fraude (Codaf). Ce contrôle "visait à vérifier les conditions d’emploi des salariés du restaurant et, le cas échéant, leurs conditions d’hébergement". Selon le rapport, au moins six salariés, employés par l’établissement, étaient logés au premier étage du restaurant, dans des conditions lamentables. Cinq d’entre eux ne disposent pas de titre de travail.
Chambres de 5 m², bouteilles d'urines, déchets...
Dans son rapport accablant, l’inspection détaille ces conditions d’hébergement. "En haut de l'escalier d'accès au premier étage, se trouve une mezzanine encombrée de déchets, de cartons et de linge étendu", détaille-t-il. Une mezzanine qui donne accès à trois pièces à destination de stockage et d’hébergement, ainsi qu’à deux salles d’eau, "dans un état de saleté important et dont l'atmosphère est nauséabonde en raison de l'absence d'ouvrant vers l'extérieur".
Chacune des deux pièces ne disposent pas d’ouvrants sur l’extérieur ni de dispositif d’aération et de moyen de chauffage/climatisation. Matelas à même le sol, détritus, effets personnels qui jonchent le sol, les découvertes s’accumulent pour les inspecteurs.
Mais quelle ne fut pas leur surprise quand dans un placard, ils découvrent une découpe dans le placo, donnant ainsi accès à une zone dissimulée. "Un espace sombre en travaux" avec "la présence de déchets et de bouteilles d’urine". Un long couloir dessert l’accès à onze pièces. "Dans ce couloir, est constatée la présence de déchets et une odeur nauséabonde liée à l'absence totale d'ouvrant sur l'extérieur ou de ventilation mécanique. L'odeur de tabac et de déchets emplie l'atmosphère", peut-on lire dans le rapport.
Pas de contrat de travail et une rémunération en deçà du minimum légal
La présence d’effets personnels, tels que des chaussures de sécurité de cuisine et des vêtements de travail qui constituent la tenue de travail imposée par l’établissement, confirme l’utilisation de cet espace par des salariés du restaurant.
Interrogés, les six employés hébergés ne disposent pas de leur contrat de travail et affirment percevoir une rémunération en deçà du minimum légal par rapport à leur durée de travail. Tous, vivent dans ces "chambres", mesurant moins 5 m². Les salariés confirment que les autres chambres qui sont desservies par ce fameux couloir dissimulé, sont belles et bien occupées par d’autres salariés du restaurant.
En plus de vivre dans des conditions insalubres, les employés n’ont pas de liberté de mouvement. En effet, ils ont indiqué lors de leur interrogatoire, qu’à la fin du service du soir, le bâtiment est fermé à clé et leur seule possibilité d’en sortir, est d’emprunter une porte de secours. Qu’ils ne peuvent pas rouvrir de l’extérieur.
La CGT du Tarn vient en aide aux employés
Dans un poste Facebook, le patron de l’établissement assure que "le bien-être de nos collaborateurs est au cœur de [leurs] préoccupations". Il indique également ne pas savoir qu’il s’agissait de faux papiers. France 3 Occitanie s’est entretenu avec l’un des employés qui affirme que ces propos sont erronés. "Tout ce qu’il dit dans ce texte est un mensonge. Il dit que nous n’avions pas accès à la cuisine, mais moi, je travaillais en cuisine", affirme l’un des employés.
Les employés sont aujourd’hui pris en charge par la CGT du Tarn, qui a lancé un mouvement de solidarité qui leur permet de les héberger dans un hôtel.