Après des années de désertification organisée, l’Etat se donne les moyens de redynamiser la vie en campagne. Le secrétaire d'Etat chargé de la Ruralité, Joël Giraud, a ainsi multiplié les inaugurations de services à la population, à l'occasion d'une visite dans la Tarn.
81% des Français considèrent que vivre à la campagne représente la vie idéale. Ce qui était un sondage en 2019 est devenu une réalité avec la pandémie. Le monsieur ruralité du gouvernement n’a pu que le constater alors qu’il inaugure une maison France Services sur la commune des Cabannes à côté de Cordes-sur -Ciel.
« Aujourd’hui un certain nombre de gens veulent s’installer en zone rurale » explique Joël Giraud, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ruralité. « Ils se sont aperçus au travers du confinement que la vie y était plus facile, plus douce, et qu’il est plus supportable d’être confiné dans des zones rurales. L’idée c’est de faire en sorte que cette ruralité, demain, dispose des mêmes services que dans les grandes villes. »
La Covid-19 ne fait qu’amplifier une tendance que l’on constate depuis les années 2000. La population rurale augmente plus vite que celle des villes. Il est donc largement temps pour l’Etat de stopper l’évasion des services vers les grands centres. Son plan d’action, appelé « agenda rural » est là pour ça.
« On a créé l’agence Nationale de Cohésion des Territoires pour faire en sorte que les petites collectivités ne regardent pas passer les trains du plan de relance et des programmes européens ou nationaux. Il faut que l’on propose une ingénierie qui soit partagée avec les inter-communalités pour qu’il n’y ai plus de retard dans la ruralité et que ces territoires se développent encore plus vite. »
Je suis chargé de 181 mesures, les mesures de l’agenda rural, élaborées pour répondre à la souffrance du monde rural et on est en train de les mettre en oeuvre à vitesse grand V
Et le secrétaire d’Etat de donner l’exemple des zones blanches que le gouvernement cherche à combler. « Il y a eu trois fois plus de couverture 4G dans les territoires ruraux ces 3 dernières années qu’il n’y en a eu en 10 ou 20 ans, c’est ça la réalité de la politique publique qui est menée.»
Patrick Lavagne est le maire des Cabannes (Tarn). Il a vu les services publics fuir sa commune depuis une vingtaine d’années, mais son village a très tôt pris ce problème à bras le corps, d’abord en créant une association de pays, puis un centre social. Dès 2016, la commune a ouvert une maison de services au public, aujourd’hui labellisée maison France service.
Depuis un bon moment nous luttons contre l’éloignement des services publics en général, et nous essayons de pallier ce manque
« Au quotidien, nous avons énormément de gens qui passent sur cet espace parce qu’ils ont besoin de soutien, parce que le numérique n’est pas généralisé et qu’il fait peur. Il est censé apporter une simplification, mais pour bon nombre de citoyens lambda le numérique est même très complexe. Donc, être là, être des relais au quotidien c’est notre coeur de projet.»
Un maire qui a bien sûr l’impression, comme tout à chacun, que l’on « retricote » des services publics que l’on a détricotés au fil des ans, mais il se satisfait qu’un représentant de la ruralilté existe aujourd’hui au gouvernement et surtout qu’il défende l’importance de voir ces services à nouveau au plus proche des territoires.
« Quand on voit les problématiques des zones urbaines, et quand on voit les solutions que l’on peut proposer en zone rurale, il est évident que nous avons notre carte à jouer, mais la population ne viendra pas si nous n’avons pas un minimum de services au plus près de leur habitation. »
Toute démarche administrative est possible du moment qu’elle peut être réalisée sur internet.
Et aux Cabannes dans le Tarn, les services ne manquent pas. Carte grise, permis de conduire, déclaration en préfecture, sécurité sociale, caisse d’allocation familiale, pôle emploi, tout est fait pour répondre aux besoins des usagers y compris dans leur vie quotidienne et c’est l’ensemble du pays cordais, 14 communes, qui en profite.
L’isolement des habitants n’est plus qu’un mauvais souvenir, comme le confirme Cynthia Sanchez, responsable de l’espace France Service : « La labellisation France Service permet d’avoir les administrations en lien direct. Beaucoup de dossiers sont traités sans attendre, cela répond à un besoin et change la qualité de vie des habitants. »
« Ici, aujourd’hui, on fait ses démarches plus rapidement que dans les grandes villes » se satisfait le secrétaire d’état en charge de la ruralité . Même si c’est sous couvert d’un développement du numérique, le gouvernement semble vouloir accélérer la réimplantation des services publics dans les campagnes, à l’image de l’agenda très chargé de son représentant ce jeudi dans le Tarn.