Une trentaine d'agriculteurs menaçait de bloquer l'A68, lundi 6 mai, à hauteur de Saint-Sulpice dans le Tarn. Ils ont engagé un bras de fer avec la mairie de Garrigues autour de l'organisation d'une guinguette paysanne par le très médiatique cabaret des "Folies Fermières".
"C'est un règlement de compte". David Caumette ne décolère pas. Le fondateur des "Folies Fermières", premier et unique cabaret de France à la ferme, craint pour l'avenir de sa guinguette paysanne. Et pour se faire entendre, il menace d'employer les gros moyens : à savoir bloquer l'autoroute A68 avec des tracteurs.
Cette guinguette est organisée depuis 2013 dans le village de Garrigues, dans le Tarn, qui compte près de 300 habitants.
"Depuis 2020, cette guinguette était organisée en extérieur, non loin d'un château, qui appartient à l'ancien maire de la commune, Bernard Bellon", explique David Caumette. Un élu avec lequel l'agriculteur a un différend judiciaire, encore en instruction au tribunal correctionnel de Castres.
L'ancien élu se serait plaint de nuisances sonores auprès des gendarmes, ce qui a obligé le créateur des Folies Fermières à acheter un coûteux limitateur et enregistreur de son (5000 euros).
Même s'il respecte les normes, les visites des gendarmes se multiplient, été après été. "Au bout d'un certain temps, ils m'ont demandé si je ne pouvais pas trouver un autre lieu. Car ils sont obligés de venir dresser les constats à chaque fois. Même si j'étais en règle, cela leur prend beaucoup de temps" explique David Caumette.
Du coup, un nouveau lieu est trouvé pour la guinguette qui emploie une trentaine d'agriculteurs chaque été. David Caumette décide de l'installer à 500 mètres de l'ancien emplacement, dans un de ses hangars en construction. Tout près de la boutique des producteurs.
Pour que cette guinguette et le hangar soient homologués, une demande a été faite en mairie de Garrigues. L'idée, c'est que tout le matériel nécessaire - toilettes, bar, scène - soit installé dans l'un de ces hangars. Ce qui permettra de mettre les spectateurs à l’abri, en cas d'intempéries.
"On a dû mettre en place un système d'assainissement de l'eau" explique David Caumette. "Il est contrôlé par un organisme de la Communauté des communes Tarn-Agout, or on nous a expliqué que ce contrôle ne pouvait pas avoir lieu... à cause de l'opposition de la mairie".
On nous met des bâtons dans les roues. La mairie de Garrigues, elle n'en veut pas de cette guinguette paysanne.
David Caumette
Car sans contrôle, pas de guinguette. Contacté, le maire de Garrigues, Pierre Comoy, se défend de toute intervention. "Le dossier est en cours d'instruction, pour l'instant ce n'est pas tranché" explique l'élu. "J'attends encore des éléments avant de décider. Quant au contrôle, ce sont des allégations. Car si contrôle il devait y avoir, ce n'est pas de mon ressort, mais de la Communauté des communes" insiste Pierre Comoy. La mairie de Garrigues devrait donner une décision définitive le 21 mai prochain.
Menace de blocage de l'A68
Face à ce blocage et à ces incertitudes, David Caumette menace. "On a demandé au préfet du Tarn d'organiser une grande réunion de concertation. Avec le maire de Garrigues, mais aussi la Chambre d'agriculture. Et le Conseil régional, qui a subventionné les Folies Fermières" explique l'agriculteur.
Il attend une réponse de la Préfecture du Tarn avant ce vendredi 3 mai, 18 heures. Le cas échéant, les agriculteurs menacent de bloquer, le lundi 6 mai, l'A68, à hauteur de Saint-Sulpice-la-Pointe.
"C'est simple. On commencera par la Communauté des communes, puis on bloquera l'axe Lavaur-Saint Sulpice et on finira par bloquer l'autoroute A68 entre Toulouse et Albi. Mais cela sera une opération pacifique", affirme l'agriculteur tarnais.
Le blocage de lundi n’est finalement plus d’actualité après un échange avec le sous-préfet du Tarn. Ce dernier a indiqué qu'il n'y avait pas de raison que la guinguette ne puisse pas ouvrir.