A Carmaux, dans le Tarn, 189 contaminations ont été détectées en janvier à la résidence du Bosc. Au moins cinq résidents sont morts, dont le père de Michel. Depuis, Michel cherche à comprendre comment le virus a pu entrer dans l’EHPAD.
Cent quatre-vingt neuf contaminations et "potentiellement" quatorze décès liés au Covid. C’est un véritable cluster qui s’est déclaré fin janvier dans l’EHPAD de Carmaux, dans le Tarn. 114 des 118 pensionnaires de la résidence du Bosc ont été testés positifs. Parmi eux, le père de Michel. Il avait 97 ans et était l’un des premiers à succomber au virus.
Pour Michel, aucun doute : la contamination de son père vient du personnel soignant.
Quand je voyais mon père, je restais à 1,50 mètre de lui, derrière un grand plexi glace, se souvient-il. Le docteur de l’hôpital m’a dit que pour qu’il ait été contaminé, il fallait que ça soit quelqu’un qui l’ait approché de très près : soit quelqu’un qui lui a fait sa toilette, soit quelqu’un qui lui donnait à manger.
« Personne ne m’a appelé »
Le père de Michel avait été hospitalisé, au centre hospitalier d’Albi, deux jours avant son décès pour détresse respiratoire. Diagnostiqué positif mais stable, il avait pu rejoindre la clinique de la résidence du Bocq avant d’y décéder. "Je suis tombé de haut. Ça a été très rapide", soupire Michel. Mais ce qu’il digère le moins, c’est le manque de communication avec l’administration de la résidence. Le membre de sa famille était pris en charge par l’EHPAD depuis plus de quatre ans, il espérait "de la compassion" de la part des membres du personnel. "Quand mon père est décédé, il n’y a eu aucun sentiment humain. Personne ne m’a appelé. Ça m’a choqué car quand j’y allais, le personnel était affable. Là, je n’ai rien retrouvé", regrette-t-il.
Regardez à ce sujet le reportage de la locale de France 3 Tarn
VIDEO ► Covid 19 : le témoignage poignant d'un fils après la mort de son père à l'Ehpad de Carmaux dans le Tarn #COVID19 #Covid_19 #EHPAD https://t.co/18P4SA36Ed
— France 3 Tarn (@LocaleTarn) February 11, 2021
Le maire de Carmaux, Jean-Louis Boursquet, reconnait des difficultés à communiquer avec les familles des résidents. "Quand les cas de Covid sont apparus, il a fallu l’annoncer aux familles et les tenir au courant de la situation tous les deux à trois jours". Mais selon lui, "aucune négligence au niveau l’EHPAD" n’est à retenir, "l’essentiel des familles ont eu un abord positif par rapport à ce qui s’est fait dans l’établissement". Un plan d’action a été mis en place par la résidence : visites suspendues, confinement de tous les résidents et dépistage massif.
75 membres du personnel positifs
Un dépistage massif qui a permis de détecter la contamination de 75 membres du personnel. "Dès que nous avons su qu’il y avait du personnel positif, nous avons cherché des solutions pour pallier ces absences", raconte Jean-Louis Boursquet. Selon lui, dès le premier jour, quinze personnes se présentaient pour renforcer l’équipe. "Il y a eu un élan de solidarité très important. On a pu s’occuper des résidents en permanence sans qu’il y ait un manque de soin à leur égard". Une solidarité relayée sur les réseaux sociaux, comme le montre ce post publié sur Facebook et partagé plus de 50 fois.
Le maire de Carmaux est ferme : les gestes barrières existaient et un protocole était mis en place pour les faire respecter. "Il y a eu une grande rigueur mais malheureusement le virus est passé, on ne sait pas comment. Il va falloir qu’on enquête pour que ça n’arrive plus", affirme-t-il. L’origine de l’apparition du virus reste toujours un mystère.