En pleine épidémie de Covid, 25 communes sont déjà identifiées comme des déserts médicaux dans le Tarn, et de nombreux médecins sont sur le point de partir à la retraite. C'est le cas dans le village de Monestiés, où les habitants vont se retrouver sans docteur à partir du 1er janvier 2021.
Devant le cabinet du docteur Courtois à Monestiés (Tarn), la file d’attente s’allonge. Les patients, soucieux, viennent renouveler leurs ordonnances avant le départ à la retraite de leur médecin de village. « Si demain, j’ai un excès de fièvre ou un vrai problème, je fais comment ? » s’inquiète Yves, nouvellement retraité. « Ça va être la croix et la bannière pour trouver, au mieux sur Albi, mais ça fait quand même 1h aller-retour ». Une crainte partagée par les habitants, car dans les villages alentour, les agendas des quelques médecins encore présents sont saturés.
Après 35 ans dans son cabinet, Joël Courtois quitte son cabinet le 31 décembre 2020. Il rappelle le rôle essentiel des médecins de proximité.
On assure les petites urgences, il y a aussi des gens qui ont un traitement à prendre de manière régulière et il faut évaluer leur état, souligne-t-il. On a une relation particulière avec les gens, plus intime
Pour le médecin, tombé amoureux de Monestiés, cette absence de candidat à sa succession est difficile à comprendre. D’autant que le village de 1500 habitants est attractif, et gagne en population chaque année. Pour Fatima Selam, première adjointe au maire, le problème vient, entre autres, d’un dénigrement général du milieu rural. Elle dénonce également la non-prise en compte de la question des déserts médicaux par le gouvernement.
L'Etat ne fait pas son travail à mon sens en terme d'équité territoriale. Le jour où il y aura des choses clairement posées, en disant ‘Il y a des zones où il faut absolument qu'il y ait des médecins qui s'installent’, je pense que les choses seront complètement différentes
Une équipe de santé dynamique
Dans le village, les professionnels de santé se sont rassemblés en 2006 dans une maison de santé, où exercent quatre infirmiers, deux kinésithérapeutes et le médecin. Une pharmacie est également installée à quelques pas.
Ces soignants, qui sont aussi à la recherche d’un troisième kinésithérapeute, sont actuellement en cours de création d’une équipe de soins primaires (ESP) pour améliorer la réactivité et la communication entre eux et assurer une meilleure prise en charge des patients. « Si par exemple, un infirmier ou un kiné en consultation trouve un patient avec une plaie inquiétante, il pourra la prendre en photo et l’envoyer directement au médecin pour lui demander son avis grâce à notre messagerie sécurisée », explique Frédéric Sanz, kinésithérapeute. Grâce à cette association, l’équipe dynamique de professionnels de santé de Monestiés espère ainsi attirer de jeunes médecins et les rassurer : médecin de campagne n’est pas synonyme d’isolement.
Reportage à Monestiés d'Auriane Duffaud et Véronique Galy de France 3 Tarn