En décembre dernier, le Medef tarnais a organisé une élection interne. Une jeune chef d’entreprise a déposé une plainte pour délit d’entrave et estime avoir été volontairement écartée du scrutin. Une enquête est en cours. France 3 Occitanie s’est procuré des documents.
Suite à un dépôt de plainte, une enquête est ouverte par le parquet d'Albi. Selon nos informations, le volet « bancaire » des investigations arrive à son terme. C’est essentiel. En effet, toute l’affaire repose sur un chèque. Pour participer à l’élection du Medef 81, il fallait être adhérent et donc à jour de cotisation.
Pour la plaignante, il ne fait aucun doute qu’elle remplissait cette condition. Il y a bien eu un incident de paiement mais la situation a été régularisée. La jeune chef d’entreprise, Julie Rouannet, estime avoir été victime d’un « délit d’entrave ».
La justice va devoir éclaircir une question : le président (sortant) du Medef, Daniel Eclache, et son Délégué Général, Guy Audu, ont-ils délibérément écarté une candidature ?
France 3 Occitanie dispose de documents accréditant l’hypothèse d’une entente pour « verrouiller » l’élection du président du Medef 81.
En septembre 2017, l’ancien président du syndicat patronal (en poste au moment des faits) demande le silence absolu autour du chèque de Julie Rouanet. Mais, surtout, l’ex « patron des patrons » déclare que la mazamétaine « ne peut faire aucun acte de candidature dans l’organisation ». Cette déclaration, consignée par écrit, est une prise de position très claire et parfaitement personnelle. En septembre 2017, au regard du calendrier électoral, une régularisation est possible. A priori rien ne s’oppose à une adhésion et donc à une candidature de Julie Rouannet. Et, pourtant, Daniel Eclache donne une consigne : mettre aux oubliettes le dossier administratif de la chef d'entreprise.
En octobre 2017, une directive est également donnée au sujet des chèques pour les nouvelles adhésions. Ces chèques ne doivent plus être envoyés au trésorier du Medef 81, sans l’aval du président. Or, selon nos informations, environ 8000 euros de cotisations ont été bloqués le temps du scrutin interne. Parmi ces adhérents se trouvaient des entreprises soutenant Julie Rouannet.
Les chèques mis de côtés ont été « retrouvés » mais uniquement après l’élection du nouveau président.
Évidemment, la présomption d’innocence s’applique et seule la justice pourra dire si le « délit d’entrave » est constitué. Néanmoins, certains faits sont troublants.