Le Gaillac primeur est disponible depuis le jeudi 16 novembre. Une quarantaine de domaines viticoles du Tarn, dont 33 produisent ce produit d'appel, ouvrent leur portes jusqu'à ce dimanche 19 novembre, dans le cadre de la manifestation " Chai mon vigneron". 500 000 bouteilles sont à écouler.
Le Gaillac primeur est arrivé. Il est disponible depuis jeudi 16 novembre. Jusqu'à dimanche soir, une quarantaine de domaines viticoles tarnais dont 33 qui en produisent ouvrent leur portes pour le faire goûter et participer à l'évènement festif "Chai mon vigneron". De cette manifestation découlent aussi de grands enjeux économiques. L'occasion de faire le point avec Cédric Carcenac, à la tête du domaine éponyme et président de la Maison des vins de Gaillac.
Quel est l'enjeu économique du Gaillac primeur ?
On a produit cette année 500 000 bouteilles, 400 000 en rouge et 100 000 en blanc qui seront bues écoulées et vendues. On attend environ 20 000 visiteurs. Mais au-delà, on ne vend pas que du primeur. Pour une bouteille de Gaillac primeur achetée, il se vend 4 ou 5 bouteilles d'autres Gaillac. Sur ce type d'évènements, on peut s'attendre à la vente de 2 à 3 millions de bouteilles.
Cet évènement festif contribue-t-il à faire progresser la renommée du Gaillac ?
Le Gaillac primeur n'est pas le meilleur des Gaillac d'un point de vue qualitatif. Cela reste un produit d'appel qui est sur le fruit, avec des notes de framboise, de fraise, et quand même facile à boire. Cet évènement festif contribue à faire connaître les autres vins de Gaillac qui, depuis ces dernières années, sont montés en gamme. Et commencent à être reconnus. Avec les cépages autochtones comme le Braucol, le Prunelart, Le Duras, et aussi en blanc, le Loin de l’œil ou encore le très beau travail qui est réalisé sur le Mauzac.
Est-ce-que le Gaillac de cette année est un bon cru ?
On pouvait être inquiet car l'année a été compliquée avec la pluviométrie et la maladie, le mildiou, puis la sécheresse. Mais les vignerons sont des hommes toujours très courageux et arrivent à faire de miracles. C'est le cas cette année, même si on perd un peu en production ( 30 à 40 % en baisse sur notre vignoble), en qualité, c'est plutôt exceptionnel où les rouges et les blancs sont réussis. Ça sera un bon millésime.
Qu'elle est la recette du succès du Gaillac aujourd'hui ?
Depuis une vingtaine d'années, il y a eu un travail des vignerons sur ce qui fait notre force, les cépages autochtones, typiques de la région, comme le Braucol, le Duras et le Prunelard. Nous avons encore du travail sur les blancs que l'on accentue sur le Loin de l'Oeil et le Mauzac. C'est vraiment une force commerciale. Nous sommes les seuls en France et même dans le monde à avoir ces cépages atypiques.
Quand on pense à Bordeaux, on pense au Merlot, au Cabernet. Quand on pense au Bourgogne, on pense au Pinot noir. Ce sont des cépages qu'on retrouve partout dans le monde. Aujourd'hui ces régions sont connues justement parce que ce sont des cépages internationaux. Les gens associent les cépages et les régions. À chaque région, son cépage connaît un peu son heure de gloire.
À Gaillac, on se dit que notre tour n'est pas loin ! C'est donc un travail de fond que l'on a mené ces dernières années. On résiste d'ailleurs mieux à la crise avec des ventes en progression surtout sur les vins haut de gamme. Et cela laisse des perspectives intéressantes sur le développement des ventes en France et à l'export dans la connaissance de notre vignoble et donc de nos cépages.
Le vin de Gaillac est-il plus vendu en France ou à l'export ?
On a commercialisé dernièrement 20 millions de bouteilles. Les ventes à l'export ne représentent que 10%. On réalise 20 à 30 % des ventes dans une zone géographique très proche, autour de l'Occitanie. Au niveau France, on est présent chez quelques cavistes et dans quelques restaurants, mais le gros des ventes a lieu localement. On a donc une énorme marge de progression au niveau national et au niveau export. Il nous faut trouver l'équilibre entre notre force oenotouristique, et le marché national et à l'export.
Travaillez vous aussi sur les cépages pour qu'ils s'adaptent aux aléas climatiques ?
Il y a vingt ans, on avait des cépages avec des maturités plus compliquées. Aujourd'hui, ils mûrissent relativement bien. On est sur des degrés qui restent malgré tout très corrects pour le consommateur avec un maximum de 13 à 14 degrés pour les plus grands vins. On a donc un cépage complètement adapté à la climatologie et leur montée en gamme. La projection dans les 20 et 30 prochaines années, va nous amener à réfléchir sur d'autres cépages qui nous apportent de la fraîcheur ou garder des degrés corrects.
Mais avant, on a aussi un travail à mener sur comment on adapte nos pratiques culturales par rapport à nos cépages autochtones, comment on adapte le travail technique, en laissant plus de feuilles, en organisant des ramassages la nuit, etc. On a une marge de manoeuvre pour pallier aux 30 prochaines années sans se dire qu'il faudra tout changer. C'est une des forces de notre région, que d'autres n'ont pas ou ne pourront plus avoir.