Témoignage - Plusieurs foyers de contamination à la Covid ont été détectés à l'hôpital de Lavaur, dans le Tarn. L'établissement a déclenché le plan blanc. 26 résidents et 29 professionnels sont positifs. Parmi eux, Alycia Jolivet, aide-soignante, qui s'est confiée à France 3 Occitanie.
Alycia Jolivet est aide-soignante à l'hôpital de Lavaur, dans le Tarn. Plusieurs cas de Covid ayant été détectés dans l'établissement, elle décide de se faire tester. "Le résultat est revenu positif le 30 décembre. Je suis en arrêt pendant une semaine, et isolée. J'ai eu la chance de ne pas perdre le goût et l'odorat. Je suis fatiguée mais ce sont de petits symptômes, pas très graves, j'ai eu de la chance".
Comme elle, 28 autres professionnels ont été testés positifs. Et pas moins de 26 patients. Des clusters, dans quatre services différents : à l'Ehpad de l'hôpital, au service psychiatrie, au service de médecine ainsi qu'aux urgences. De quoi bouleverser l'organisation de l'établissement à la veille de ce long week-end de fin d'année.
"Cela m'a affectée", reconnaît Alycia Jolivet. "Je me suis dit que ça faisait une personne en moins, déjà qu'on a beaucoup de mal dans nos services. On doit se débrouiller, d'abord, c'est la santé des patients. Avant tout. Mais c'est aussi ma santé car si je ne peux pas travailler du tout, il n'y aura plus personne. Il fallait vraiment s'isoler".
Il y a beaucoup de culpabilité, parce qu'on est soignant et on sait du coup qu'on est davantage à risque,que ce soit pour les patients ou pour notre entourage. J'ai essayé de me faire tester assez souvent, pour éviter les contaminations.
Selon la jeune femme, l'hôpital a vite réagi. "Dès qu'ils ont su, ils ont retracé toutes les personnes qui étaient cas contact, c'est allé très vite".
Quand j'ai su que j'étais positive, j'ai appelé toutes les personnes que j'avais croisées. Il y a beaucoup de remords parce qu'on se dit que si elles l'ont, mais sous une forme plus grave, ça peut partir très loin.
L'aide-soignante s'inquiète aussi pour les patients suivis dans l'unité de soins de longue durée et qui sont positifs. "Ce sont des personnes âgées, elles sont constamment isolées et ne voient pas beaucoup leurs familles, déjà en temps normal. C'est dur pour elles, les visites sont maintenant interdites, elles restent dans leurs chambres pour éviter de contaminer les autres patients. Les soignants les voient en dernier, là encore pour éviter la contamination de patients sains".
On essaie de leur apporter un peu de bonheur, même si c'est compliqué en cette période.
Alycia Jolivet confie qu'en temps normal, quand elle a un petit rhume ou un peu de fièvre, elle met un masque et vient travailler, "parce que je ne veux pas laisser mes collègues en sous-effectifs". Là, elle sait que la raison l'emporte. "Je me dis qu'il faut que je pense à moi aussi. Les cadres font le nécessaire pour nous remplacer et je préfère me soigner correctement et revenir plus forte, quitte à remplacer des collègues qui devront peut-être repartir à leur tour".