À peine installé dans ses fonctions à Albi le 9 octobre, Michel Vilbois, nouveau préfet du Tarn, se retrouve face à des enjeux majeurs. Le nouveau patron de la préfecture aborde les dossiers importants du département : A69, la gestion de l'eau, les urgences à l'hôpital d'Albi, l'épidémie de Maladie hémorragique épizootique (MHE) dans l'agriculture, et la manifestation prévue par la FNSEA.
Le nouveau préfet du Tarn, Michel Vilbois est rentré dans le vif du sujet dès son arrivée le 9 octobre à Albi avec, quelques jours plus tard, une nouvelle mobilisation d'envergure contre l'A69. Diplômé de l'ENA, le haut fonctionnaire de 56 ans se présente comme un homme de terrain et de dialogue, se tenant aux côtés des élus locaux. Les dossiers dans le département sont nombreux, sensibles et parfois explosif : A69, Sivens, agriculteurs, MHE, sécheresse. Des questions qu'il aborde avec France 3 Occitanie.
France 3 Occitanie: Michel Vilbois, quelle est votre feuille de route en arrivant dans le Tarn?
Michel Vilbois, préfet du Tarn : Bonjour. La feuille de route, c'est d'abord une méthode. Je pense, j'ai la conviction que dans ce département, on doit pouvoir conduire des projets de développement raisonnés, respectueux de l'environnement et de la planification écologique. Mais ce territoire doit pouvoir continuer à se développer. On le fera avec les élus en fonction de leurs projets. Ça, c'est la méthode. On le fera en transparence. Après, quelles sont les priorités ? Les priorités, c'est le partage de l'eau. On a parlé tout à l'heure de la vallée du Tescou.
On a connu dans ce département pour la première fois en 2022 une sécheresse sévère. Je viens de signer l'arrêté dans lequel on sort de la période de vigilance pour le mois de novembre. Donc, on aura un sujet de partage de l'eau. C'est la priorité numéro un. La deuxième, c'est la ruralité. Une partie de ce département se développe naturellement. L'autre partie, dans une ruralité plus éloignée des centres métropolitains, a besoin qu'on l'aide. C'est pour cela qu'avec le Conseil départemental et les deux associations d'élus, mon prédécesseur a signé tout début octobre la charte Tarn ruralité. Dix objectifs, la santé, l'éducation, la sécurité, le développement des services.
Et dans ce cadre-là, d'ici trois semaines, on désignera 30 villages d'avenir dans le Tarn. Des communes qui auront l'appui de l'État en ingénierie pour développer leurs projets.
France 3 Occitanie: L'hôpital d'Albi fait face à une pénurie au niveau des urgences. Est-ce que c'est un dossier que vous surveillez particulièrement ?
Michel Vilbois, préfet du Tarn : C'est un sujet important qui relève évidemment de la direction générale de l'ARS avec qui je suis en contact quotidien sur ce sujet. Vous avez vous-même noté les efforts que nous faisons, y compris l'État, qui cofinance une partie de l'amélioration des conditions de vie des internes. On a un sujet sur le maintien de l'ensemble des personnels aux urgences. J'irai prochainement à leur rencontre pour discuter avec eux. C'est un sujet de vigilance.
France 3 Occitanie: Concernant l’agriculture, où en est l'épidémie de Maladie hémorragique épizootique (MHE) ?
Michel Vilbois, préfet du Tarn : Aujourd'hui, à date, nous avons quatre élevages qui sont concernés. Ça veut dire que l'ensemble du Tarn est dans ce qu'on appelle la zone réglementée.Tout animal qui entre ou qui sort doit être parfaitement identifié. L'animal qui sort doit être « sain » au sens évidemment vétérinaire du terme. Je rappelle que c'est une maladie qui n'est pas transmissible à l'homme, qui n'empêche pas la consommation du produit, mais qui, pour des raisons de prophylaxie, doit être parfaitement surveillée. Je rappelle aussi que le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé, début novembre, que pour tous les éleveurs concernés, les frais de dépistage seraient pris en charge entièrement par l'État.
France 3 Occitanie: Mardi 14 novembre, il y a la FNSEA du Tarn qui va manifester. Est-ce que vous avez des échanges avec eux sur leurs revendications ?
Michel Vilbois, préfet du Tarn : Je sais qu'ils dénoncent beaucoup de normes, de contraintes qu'ils ont, le diesel agricole dont le prix augmente, etc. Je les ai rencontrés dès mon arrivée.
C'était ma première visite de terrain le lendemain de mon arrivée, dans un élevage bovin. Ça veut dire que les contacts sont étroits. Sur la manifestation elle-même, nous sommes évidemment en contact avec les organisateurs, la FDSEA, les GIA, pour que tout se passe bien. C'est l'occasion pour moi de dire que le droit de manifester ici comme ailleurs est évidemment essentiel, mais qu'il ne doit pas y avoir de débordement. J'ai regardé ce qui s'est passé dans les départements voisins, puisque c'est une manifestation nationale, c'est un mot d'ordre national. Ce n'est pas propre au Tarn. Après je note que notamment sur les revendications concernant le gasoil, le gouvernement a fait des annonces récentes sur l'étalement du dispositif. Donc il y a des avancées sur ce sujet. Après, mardi, je recevrai les représentants des manifestants et on continuera ce dialogue local.
France 3 Occitanie: Il y a un grand sujet dans le Tarn, c'est l'autoroute A69, qui n'est plus vraiment un projet, puisque les travaux avancent. Quel est votre regard sur ce dossier ?
Michel Vilbois, préfet du Tarn : L'A69, c'est très simple. En effet, ce n'est plus un projet. Aujourd'hui, c'est un chantier. C'est un chantier qui, quand on va sur le terrain, comme je l'ai fait à plusieurs reprises, est très avancé. Aujourd'hui, Atosca est dans les temps de passage, l'objectif, c'est que fin 2025, l'autoroute soit inaugurée et en service. Nous mettrons tout en œuvre pour qu'on atteigne cet objectif. La contestation, là aussi, peut se comprendre, mais je constate que juridiquement, pour l'instant, tous les recours intentés contre les actes administratifs ont été perdus. Les élus du terrain sont très majoritairement, je le souligne, en faveur de ce projet. Ils l'ont rappelé il y a quelques semaines à Castres. Nous y étions ensemble. Donc, c'est un chantier qui va se dérouler et qui doit se dérouler de la manière la plus pacifique et sereine possible.
France 3 Occitanie : Lorsque vous êtes arrivé, j'ai lu une de vos interviews où vous parliez de Sivens et vous disiez que le dossier n'était pas forcément oublié. C'était un peu elliptique comme phrase. Vous vouliez dire quoi à travers cela ?
Michel Vilbois, préfet du Tarn : C'est très simple. Mes prédécesseurs se sont beaucoup investis dans ce dossier pour l'élaboration de ce qu'on appelle un projet de territoire pour la gestion de l'eau, un PTGE, qui est aujourd'hui porté par un syndicat mixte d'élus locaux que je reçois d'ailleurs tout à l'heure (vendredi 10 novembre) pour faire un point d'avancement de ce projet. Donc le sujet avance. Il ne concerne pas simplement la question de la gestion de l'eau sur ce territoire, mais bien un projet global de développement de l'agriculture dans cette vallée. C'est un sujet dont on entendra parler dans les prochains mois.