Le Petit Prince en ballet classique : une première mondiale à Albi

Après le cinéma, la comédie musicale et même l'opéra, le Petit Prince a chaussé les pointes pour le premier ballet classique jamais créé sur le thème du célèbre héros d'Antoine de Saint-Exupéry. "Le Petit Prince Ballet" vient d'être présenté en première mondiale au Grand Théâtre d'Albi,

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C'est la première fois que l'oeuvre d'Antoine de Saint-Exupéry est adaptée en ballet classique. Après le cinéma, la comédie musicale et l'opéra, "Le Petit Prince Ballet", dernier avatar du conte philosophique écrit et illustré par l'aviateur et écrivain français, a été présenté en fin de semaine dernière en première mondiale au Grand Théâtre d'Albi. La veine de cette oeuvre humaniste traduite en plus de 250 langues et vendues à 150 millions d'exemplaires dans le monde parait inépuisable.

Pourquoi Albi, 52.000 habitants, pour une grande première mondiale?​

D'abord parce que la région Midi-Pyrénées est historiquement liée à l'épopée de l'aviation, avec le constructeur Latécoère et la compagnie Aéropostale des pionniers Saint-Exupéry et Jean Mermoz, explique Eric Gilbert, le producteur. ​Une centaine de représentations du ballet du Petit Prince sont prévues en France cette année et l'an prochain, avant l'Allemagne, les Etats-Unis (New York, Los Angeles, Miami) et le Brésil en 2016. Plus tard le Japon, etc... "On reçoit des demandes du monde entier", explique-t-il

Un spectacle classique en deux actes

Pendant près de deux heures, 24 danseurs et danseuses de la compagnie russo-française Le Palais d'Hiver St Pétersbourg Ballet ont recréé sur scène l'univers magique du petit garçon venu de sa minuscule planète et qui découvre la Terre en toute ingénuité. La musique tout aussi classique, puise dans des oeuvres de compositeurs aimés et parfois joués par Saint-Exupéry, de Bach à Massenet.
En deux actes de quelque 50 minutes, le danseur soliste italien Nicola Lazzaro, 25 ans, et ses camarades issus des écoles classiques russe et française déploient toute la palette du grand ballet, avec un "twist" de modernité sur une chorégraphie de Français François Mauduit, 31 ans, ancien de l'école de Maurice Béjart.

Un spectacle appelé à tourner dans le monde entier

"La grande nouveauté c'est d'avoir pu transcrire Le Petit Prince en ballet classique. C'est un tour de force. Je pense que c'est gagné", a commenté le neveu d'Antoine de Saint-Exupéry, François d'Agay, venu assister à la première d'un spectacle appelé à tourner autour du monde. "C'est dans l'esprit de St-Ex, il n'y a pas de déviation", a ajouté celui qui est aussi le président de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse, "gardien du temple" d'une oeuvre devenue un monument historique à préserver pour ses héritiers, et aussi un gigantesque business.

Le pari du classicisme

Ce nouveau ballet n'est pas le premier sur le thème du Petit Prince, voué à une éternelle jeunesse malgré ses 72 ans. Les Grands Ballets Canadiens de Montréal ont monté au printemps un spectacle chorégraphié par la Néerlandaise Didy Veldman. Mais il s'agissait d'une approche contemporaine, tout comme l'opéra créé l'an dernier par le Français Michael Levinas ou la version de cinéma d'animation de l'Américain Mark Osborne présentée au dernier festival de Cannes. François Mauduit et les siens ont au contraire fait le pari du classicisme et de la fidélité.
Les costumes et décors reprennent largement les illustrations de St-Ex dans le livre publié en 1943. Le producteur Eric Gilbert a même exhumé en un an et demi de recherches des images inédites du manuscrit original. Et Nicola Lazzaro, avec sa chevelure blonde parsemée d'étoiles de strass, est une incarnation crédible, aidé par sa relativement petite taille et son énergie inépuisable sur scène aux côtés du renard, de la rose et autres protagonistes du
livre.

Et un défi pour le chorégraphe​

"Le vrai défi, c'était de garder la poésie à travers la danse et d'aller au-delà des apparences", déclare François Mauduit qui revendique ouvertement l'influence de Maurice Béjart pour qui Nicola Lazzaro a également dansé.
Une gageure pour un art aussi visuel que la danse et quand on sait que l'écrivain-aviateur abattu le 31 juillet 1944 au-dessus de la Méditerranée fait dire à son jeune héros: "On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux".
"C'est un monument qu'on appréhende avec beaucoup d'humilité", reconnaît le chorégraphe. Concession au monde moderne, une lumière high tech nimbée évoquant le clair de lune et des photos en toile de fond parfois dues au télescope spatial Hubble.

 

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