Loup, y es-tu ? Oui, il y est, et sa présence s'invite à nouveau dans le débat politique du Tarn

Des députés souhaitent assouplir les mesures de protection du loup en France. Pour les associations de défense de l'environnement, il n'y aurait aucun bénéfice à ce changement. Explications.

Dans les contes traditionnels, le loup est perçu comme un animal cruel. En France, depuis une trentaine d'années, l'animal est revenu. Entre mythe et réalité, il cristallise toujours les tensions, et divise l'opinion publique. 

"On ne veut pas l'éradiquer, mais le réguler, je suis la voix des paysans", affirme le député RN du Tarn, Frédéric Cabrolier. Au côté de 24 parlementaires de différents horizons politiques, il souhaite engager "plusieurs procédures judiciaires à l’encontre du Gouvernement". A l'origine de ce mouvement ? Le volte-face du président de la République. 

En juillet 2022, Emmanuel Macron, s'était prononcé en faveur d'un changement du statut de la protection du loup à Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées).

Cinq mois plus tard, le gouvernement s'est opposé à un amendement de la Suisse visant à faire passer le loup d'espèce strictement protégée à simplement protégée. 

Une espèce (sur)protégée ?

Le loup fait l'objet d'une protection au niveau international, au sens de la convention de Berne ratifiée par la France en 1990.  

On dénombre 1 000 loups, alors même que 500 devait être la limite pour considérer l’espèce comme protégée.

Frédéric Cabrolier, député RN du Tarn

Avec la législation actuelle, les agriculteurs qui seraient victimes d'attaque du loup ne peuvent se défendre. La destruction, ou tentative de destruction de cet animal est punie de trois ans d'emprisonnement et de 150.000 € d'amende.

Mais au-delà de la convention de Berne, les loups sont avant tout protégés dans l'UE par la directive habitat faune flore de 1992. Pour Sandrine Andrieux, membre de l'association FERUS (qui œuvre pour la protection de l'ours, du loup et du lynx), revenir sur la convention de Berne ne changerait donc rien. Elle ajoute néanmoins : 

Le loup est revenu, mais il n'est pas implanté. On parle d'un colonisateur. Il reste une espèce fragile. Sa population n'est solide que dans le quart sud-est de la France où la reproduction est assurée.

Sandrine Andrieux, membre de l'association FERUS

Une espèce encore fragile. Sans compter le braconnage, chaque année, l'État autorise qu'il soit prélevé, cette année, c'est à hauteur de 174.

L'Office français de la biodiversité recense entre 816 et 1016 bêtes en tout dans le pays. 

Le loup s'habitue à l'Homme ? 

Parmi les pistes avancées pour expliquer la fréquence avec lesquelles les attaques de loup ont lieu : l'acclimatation de l'animal. Le député RN du Tarn, Frédéric Cabrolier appuie "le loup s'est habitué à l'Homme, il ne cohabite plus, il empiète sur son territoire. On m'a confié qu'il se déplaçait en lisière des villes !" 

Une hypothèse que réfute Sandrine Andrieux : "le loup a toujours peur de l'homme, il s'en prend aux brebis car c'est plus facile que de chasser." Un rapport publié par l'Office français de la biodiversité (OFB) abonde dans ce sens : "le loup ne présente pas un comportement d'habituation en France et il n'est pas plus agressif ni plus audacieux au fil des années. Les événements décrits comme tels, restent des événements isolés dans l'espace et ponctuels dans le temps."

"On m'a tué 7 moutons" 

Les agriculteurs victimes des attaques ont du mal à accepter cette idée. Dans le Tarn, près de Mazamet, Laurent Cabrol a perdu plusieurs de ses bêtes en juin dernier. "On m'a tué 7 moutons", déplore t-il. "C'est encore un choc pour moi", ajoute Laurent. Les touffes de poils retrouvées coincées dans les clôtures n'ont laissé aucun doute sur le prédateur. Le paysan conclut : "je trouve que les éleveurs font preuve d'une grande maîtrise face à l'agresseur." 

Pour Sandrine Andrieux, tout est question de moyens de protection. Elle estime notamment que les clôtures ne sont parfois pas assez hautes. Selon elle, avant de vouloir tirer, il faudrait mieux enseigner dans les écoles agricoles, les différentes techniques pour protéger les troupeaux. 

En novembre, la préfecture du Tarn a réuni un nouveau "comité loup", le second de l'année. En plus du soutien aux éleveurs victimes d'attaques, les différents services ont pu confirmer la présence de trois loups dans le département sur les secteurs de Carroux, du Somail, et de la Montagne noire. 

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