Au moment où la Haute Autorité de santé ouvre la voie à une éventuelle réintégration des soignants non vaccinés, 1300 patients sont privés de médecin à Carmaux depuis le 31 janvier 2023. Leur généraliste s'est vu interdire d'exercer par l'Agence Régionale de Santé, faute de vaccin.
Depuis 3 semaines, les patients du docteur Nadine de la Fuente ne décollèrent pas. Leur généraliste s'est vu interdire d'exercer par l'ARS (Agence régionale de santé), faute de schéma vaccinal complet. Mais l'avis de la Haute Autorité de santé pourrait faire évoluer la loi.
1300 patients privés de médecin
Installée depuis une vingtaine d'années à Carmaux, le docteur De la Fuente soigne 1300 patients. Mais le 31 janvier dernier, l'Agence Régionale de Santé lui a notifié une interdiction d'exercer. Motif : elle ne bénéficiait pas du schéma vaccinal complet, obligatoire depuis la loi du 5 août 2021.
Pourtant ce médecin n'a pas cessé de soigner ses patients durant toute la période du Covid : "j'ai été contaminée déjà trois fois par la Covid-19", explique-t-elle. "La première fois en décembre 2019 mais à l'époque on ne faisait pas encore de tests. J'ai eu la Covid également en février 2022 et tout récemment en janvier dernier."
Refus du vaccin ARN
Nadine de la Fuente a toujours refusé d'être vaccinée et encore plus avec un vaccin ARN : "Je suis très sceptique sur la thérapie génique et je préfère exercer mon droit de consentement éclairé".
Jusqu'ici le médecin n'avait pas été inquiété car elle était immunisée après contamination. Mais en janvier, son certificat de rétablissement a été refusé par l'ARS qui lui demande de se mettre en conformité avec la loi.
Mobilisation à Carmaux
Face à cette situation, dans un secteur du Tarn déjà considéré comme un désert médical, la commune et ses habitants se mobilisent. Le maire cherche des solutions pour donner un accès aux soins à tous les patients laissés sur le carreau. Les autres médecins sont mis à contribution et un interne de la faculté de médecine de Toulouse (Haute-Garonne) devrait venir renforcer le dispositif en attendant que Nadine de la Fuente reprenne du service.
Ce mardi 21 février, le médecin généraliste a fait un pas pour tenter de débloquer la situation. Elle a effectué un test sérologique : "Si j'ai des anticorps, cela signifie que je peux reprendre le travail", nous confie-t-elle. "En revanche si je ne suis pas immunisée, je veux bien être vaccinée mais avec un vaccin classique." Les résultats devraient être connus rapidement.
L'avis de la HAS très attendu
Nadine de la Fuente compte aussi beaucoup sur l'avis de la Haute Autorité de Santé. Dans un projet d’avis rendu public cette semaine, elle ouvre la voie à la fin de la vaccination obligatoire anti Covid-19 chez les soignants, même si celle-ci devrait rester fortement recommandée. Un pas vers la réintégration des soignants non vaccinés, et vers le règlement du litige qui oppose le docteur de la Fuente à l'ARS.
La HAS vient de lancer une consultation publique. Son avis définitif sera connu d'ici la fin du mois de mars 2023.
(Avec Grégoire Alcalay)