Ils sont au bord du gouffre et entendent le faire savoir à leur manière : festive, poétique, colorée et monumentale. Tout ce week-end, "Les plasticiens volants" investissent les rues de Graulhet, dans le Tarn, avec leurs structures géantes, clouées au sol, à l'image du monde de la culture.
D'habitude, leurs grandes structures gonflables sillonnent le ciel des villes du monde entier. Ce week-end, elles ne voleront pas dans les rues de Graulhet, cette petite ville du Tarn où la compagnie de théâtre de rue "Les Plasticiens volants" est installée depuis 20 ans. Mais elles seront bien présentes, sorties des hangars pour une exposition monumentale. Un moyen de renouer avec le public dont la compagnie est privée depuis le mois de mars et d'alerter sur sa situation, critique, après de longs mois sans aucun spectacle.
"C'est l'idée d'une exposition monumentale, à l'échelle de la ville" explique Frédérique Denyster, co-directrice de la compagnie. "Il n'y aura pas de gonflable volant, pas de jeux de comédiens comme d'habitude, mais des installations de nos structures géantes dans 13 endroits de la ville. Les habitants vont tomber sur elles au fil de leur promenade en ville."
Notre première volonté, c'est de retrouver notre public. On n'a pas pu jouer depuis le mois de mars. On le fait bénévolement. On a vraiment besoin de retrouver les gens.
Une compagnie dans une situation critique
Australie, Japon, Brésil ou Roumanie... Des Jeux Olympiques de Rio à la Nuit Blanche de Paris, ils ont promené leurs géants volants dans le monde entier. Mais depuis mars dernier, plus rien. Pas le moindre spectacle. Et des difficultés financières parfois plus compliquées que d'autres parce que les Plasticiens Volants signent leurs contrats au fil de l'eau, en cours d'année. La compagnie craint aujourd'hui de ne pas surmonter ses difficultés financières, malgré les aides d'urgence des institutions et le prêt garanti par l'Etat qu'elle a contracté.
"On a une visibilité sur 6 mois maximum" explique Frédérique Denyster, "ensuite, on risque vraiment la cessation d'activité".
Historiquement, la compagnie n'est pas subventionnée. Nous sommes dans un situation extrêmement délicate. Les aides d'urgence des institutions ont vraiment eu le mérite d'exister mais elles ne suffisent pas à compenser l'ampleur des dégâts. Nous avons entre 600 000 et 800 000 euros de perte de chiffre d'affaire pour cette année. Le prêt garanti par l'Etat va nous permettre de tenir jusqu'à l'été prochain mais pas au-delà.
Se réinventer pour exister
L'idée de la compagnie, c'est aussi de trouver un autre langage pour faire face à la crise sanitaire. L'espace public est interdit depuis le mois de mars , "totalement inaccessible culturellement", alors comment le réinvestir pour continuer d'exister ?
"Il y a une telle incertitude au niveau sanitaire que les organisateurs nous disent aujourd'hui que c'est trop compliqué de nous programmer, dans la mesure où on a habituellement une grande jauge et qu'on se déplace au milieu du public" explique Frédérique Denyster. "Ils nous disent qu'ils nous rappelleront en 2022. On a conçu cette exposition pour leur montrer qu'on peut s'adapter aux normes sanitaires. C'est un appel pour imaginer ensemble des solutions pour 2021, pour proposer des choses différentes dans l'espace public et leur montrer en vrai qu'on peut le faire."
L'invitation a été lancée aux programmateurs. Ainsi qu'à tous les habitants de Graulhet et aux curieux en général. "Le grand déballage" des Plasticiens Volants se tiendra samedi 19 décembre et dimanche 20 décembre de 11h00 à la tombée de la nuit.
Voir ici le reportage de France 3 Tarn :
