Les goélands ont fait leur apparition dans le Tarn depuis plusieurs années et il sont de plus en plus nombreux. Un ornithologue de l'association Nature en Occitanie nous explique pourquoi.
Les goélands sont de plus en plus nombreux dans le Tarn, notamment dans le secteur de Graulhet. Un ornithologue de l'association Nature en Occitanie, Ghislain Riou, explique les raisons de leur présence de plus en plus marquée dans les terres, loin de leurs fiefs méditerranéens.
Pourquoi voit-on autant de goélands dans le Tarn ?
Dans le Tarn et sur le pourtour méditerranéen, l'espèce qui domine est le goéland Leucophée, c'est un oiseau marin côtier reconnaissable à son dos gris, ses ailes aux extrémités noires et ses pattes jaunes. Comme son nom l'indique, il a une tête blanche : c'est le sens de "leuco" en latin.
Ce qui l'attire dans le Tarn, c'est la décharge de Graulhet. Ils sont plusieurs milliers à venir s'y nourrir depuis plusieurs années. On observe une diminution de leur population dans le domaine méditerranéen et une augmentation dans les terres, alors qu'ils en étaient absents il y a 30 ou 40 ans.
Quelle est la cause de cette "migration" ?
Il y a eu en Méditerranée de grosses campagnes de destruction et, par ailleurs, c'est un signe du mauvais état de santé de la mer. Ce sont des populations qui se nourrissent de poissons morts et de crustacés sur les fonds marins et en bord de mer.
Ils manquent de nourriture du fait de sa raréfaction et aussi parce qu'on nettoie les plages du littoral de façon assez systématique. Sur le littoral atlantique, on trouve davantage cette "laisse de mer" où les oiseaux viennent piocher leur nourriture. Les lieux de reproduction aussi connaissent des perturbations. Or c'est un animal qui s'adapte aux changement généré par l'homme.
Cette évolution est imputable à l'homme ?
Oui, c'est un peu comme pour les corvidés, la pie bavarde ou la corneille. La pie est l'un des rares oiseaux qui s'adaptent très bien en ville alors qu'on en voit de moins en moins à la campagne. L'industrialisation de l'agriculture et notamment la diminution du nombre d'insectes dont elle a besoin pour nourrir ses petits, en est la cause. Elle est capable de modifier son régime alimentaire.
Le goéland fait de même. Il se nourrit des déchets alimentaires de l'homme : le pain, la viande... d'où sa présence sur des décharges ou des déchetteries. Les goélands qui sont par milliers à Graulhet viennent de plusieurs dizaines voire d'une centaine de kilomètres. C'est impressionnant car il s'agit d'une grande concentration d'oiseaux mais il n'y a pas de reproduction. Ils viennent surtout l'hiver et sont rejoints par d'autres oiseaux provenant du nord de l'Occitanie et d'Europe centrale.
Comment les goélands de Méditerranée sont-ils parvenus jusqu'au Tarn ?
Ce sont des oiseaux très mobiles qui se déplacent beaucoup. Leurs grandes ailes facilitent ces trajets. Ils nichent à proximité de grandes rivières, de lacs ou de mers ou dans des endroits humides. Sur Toulouse, on en trouve car ils ont suivi la Garonne et ils disposent de déchets pour s'alimenter.
Ces oiseaux suivent et s'installent le long des grandes vallées alluviales. Ils ont remonté par exemple la vallée du Rhône et nichent dans des secteurs où il y a de grands lacs. Idem pour l'Allier ou la Loire.
Ils nichent au sol sur des îlots mais ont aussi su coloniser des toitures d'immeubles ou des piles de ponts. Le point commun de ces sites : ils sont isolés et les petits y sont moins exposés à la prédation des renards, des martres ou des fouines. Les goélands sont des animaux intelligents. Ils tirent parti des opportunités que leur offrent les hommes qui par ailleurs modifient leurs zones d'habitat ancestrales.