Tarn : le procès de l'attentat du Bardo n'a pas répondu aux questions des familles des victimes

La justice tunisienne vient de rendre son verdict dans le procès de l'attaque contre le Musée du Bardo qui avait fait 22 morts en Mars 2015. Parmi eux un couple de Tarnais. Leur fille a pu suivre les débats en direct grâce à une vidéo-conférence mise en place au Palais de Justice de Paris. 

Ils étaient 25 à comparaître devant la justice tunisienne. 25 hommes accusés d'avoir pris part à l'attentat du Bardo qui a fait 22 victimes, dont 4 Français, le 18 mars 2015 à Tunis. Trois d'entre eux ont été condamnés vendredi soir à la prison à vie pour "homicide volontaire", "participation dans un homicide volontaire" et "agression visant à changer l'aspect civil de l'Etat". Des peines de prison d'1 an à 16 ans ont aussi été prononcées et une dizaine d'accusés ont été acquittés. Les familles des victimes françaises ont pu assister aux audiences grâce à une vidéo-conférence mise en place au Palais de Justice de Paris. Leslie Scheit, une Tarnaise qui a perdu sa mère et son beau-père dans l'attentat s'est rendue trois fois à Paris. Aujourd'hui, elle oscille entre satisfaction d'avoir pu suivre les audiences et questions restées sans réponse.

On ne fera jamais notre deuil, c'est certain" Leslie Scheit

 

Un procès éprouvant pour les familles des victimes

 

Elle débarque tout juste de l'avion de Paris. Avec des sentiments mêlés. Du procès dit-elle, elle n'attendait rien, sinon "que justice soit faite et que les accusés soient condamnés à quelque chose". Elle a trouvé les audiences éprouvantes : "c'est très fatigant, c'est épuisant. Il faut être très vigilant et il faut rester calme, surtout quand les accusés disent des choses qui sont pour nous un peu bizarres. Mais c'est la loi tunisienne, on ne peut rien y faire". Elle reste, 4 ans après, avec ses questions sur la mort de sa mère et de son beau-père. "On ne sait pas comment ça s'est vraiment passé. Le problème, c'est qu'il n'ya avait pas de sécurité au niveau du Bardo. Cela n'aurait peut-être rien changé mais ils auraient peut-être pu appeler et dire attention !"

Deux procès menés en même temps

Un autre procès était mené en même temps que celui de l'attentat au musée du Bardo : celui de l'attentat qui avait tué 38 touristes dans une station balnéaire de Sousse le 26 juin 2015. Durant les procès, menés en une dizaine d'audiences réparties sur un an et demi, certains accusés ont désigné un même homme, Chamseddine Sandi, comme le cerveau des attentats. Poursuivi, selon des avocats, dans les deux affaires, ce suspect aurait été abattu en 2016 dans un raid américain en Libye, ont indiqué des médias tunisiens.
Lors de l'attentat contre le musée du Bardo, le premier en Tunisie à être revendiqué par l'EI, les deux assaillants avaient également blessé 43 personnes avant d'être abattus par les forces de sécurité.


Des questions sans réponse

Rares sont les dépositions à avoir apporté un réel éclairage sur les faits. Des accusés ont été uniquement poursuivis pour avoir été en contact via une application de messagerie avec d'autres suspects en fuite. Après le verdict, l'un des avocats des victimes françaises dans l'attentat du Bardo, Gérard Chemla a déclaré : "le procès a été expédié dans des conditions invraisemblables qui ne nous ont à aucun moment permis de comprendre la solidité de l'accusation, le mobile des personnes jugées et de façon réelle, qui avait fait quoi". Il s'est dans le même temps dit "satisfait que le tribunal n'ait pas prononcé de condamnation à mort".

Le tribunal de Tunis a décidé de renvoyer l'affaire en appel. Il y aura donc un nouveau procès. "Cela va encore continuer", dit Leslie Scheit. 

Voyez le reportage de Marc Raturat et Christian Bestard :
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