Propriété du groupe Clinipole, la clinique Toulouse-Lautrec à Albi dans le Tarn vient d'être placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce le 1er mars 2024. Elle doit faire face à un déficit de 2 millions d'euros malgré une augmentation de son chiffre d'affaire de 15 à 20 millions d'euros et de gros investissements.
Rachetée en décembre 2018 par le groupe héraultais Clinipole, la clinique Toulouse-Lautrec, située à Albi (Tarn) a été placée en redressement judiciaire, vendredi 1er mars 2024, par le tribunal de commerce. L'établissement s'était déclaré en cessation de paiement deux jours auparavant.
Déjà déficitaire lors de son rachat au groupe Elsan, il y a six ans, le groupe a depuis investi 3 millions d'euros pour renflouer ses finances et développer l'établissement dont les compétences sont reconnues notamment en urologie et en orthopédie.
Mais suite à la pandémie du Covid 19, une forte pénurie de personnel et dans le contexte actuel d'inflation notamment des coûts de l'énergie, le groupe qui possède entre autres d'autres établissements de santé, doit faire face au déficit de 2 millions d'euros de sa clinique albigeoise et affirme ne plus pouvoir réinjecter d'argent. "La structure de charge n'a jamais pu être mise en adéquation avec le développement du chiffre d'affaires, reconnaît Olivier Constantin, le directeur général du groupe, qui reste très optimiste. On a besoin d'oxygène sur le plan financier, le seul moyen de rebondir, c'était de passer par la case redressement judiciaire avec une période d'observation, c'est ce que l'on a proposé au tribunal qui nous a suivi. C'est un outil parmi d'autres pour aider l'établissement à s'en sortir."
Etaler le remboursement de la dette
Pour Clinipole, l'objectif est d'étaler le remboursement de ses dettes y compris avec ses fournisseurs. "Tous les partenaires de l'établissement font des efforts, que ce soit l'administration fiscale ou sociale, notre bailleur aussi, ou vont en faire dans les prochains jours. Mais l'établissement continue de travailler normalement", tient à souligner, le directeur général pour rassurer les patients et les 220 salariés, dont environ 80 médecins.
Une situation difficile à saisir pour le personnel qui voit les blocs opératoires pleins et de plus en plus de patients affluer.
"Bien sûr, je reste inquiet, commente Romain* l'un des professionnels de santé qui y travaille et qui souhaite conserver l'anonymat, finalement rassuré par les explications fournies par sa direction en interne. Comme 50% des cliniques privées en France, nous ne sommes plus bénéficiaires, le déficit a été creusé par l'inflation notamment par les coûts de l'énergie ou encore l'augmentation des prix de tous les consommables, alors que l'activité de la clinique ne cesse d'augmenter. Le groupe continue d'investir sur la structure, ce qui est un signe encourageant."
De nouveau projets en cours
La direction nourrit effectivement plusieurs projets : elle vient de mettre en place l'hyper préparation en urologie pour mieux accueillir le patient et faciliter sa récupération. Elle souhaite également renforcer l'activité de soins de suite (NDRL : appelée désormais SMR : Soins médicaux et de réadaptation en pleine réforme quant à sa tarification) en pneumologie, et lancer la même activité en cardiologie en hospitalisation complète.
Aucun plan social n'est d'ailleurs pour l'instant envisagé, seuls quelques postes n'ont pas été remplacés, confirme Olivier Constantin, qui assure travailler avec les équipes sur un plan de restructuration depuis plusieurs mois.
"On a déjà réduit quelques services comme le service de soins intensifs, ou encore le nombre de jours d'ouverture des soins non-programmés qui ouvre désormais un jour sur deux. On a visé les services les plus en difficulté pour les optimiser soit par des fermetures partielles, soit par des réductions de jours ou d'horaires d'ouverture, comme le font tous les établissements de santé aujourd'hui"
Olivier Constantin, directeur général de Clinipole
Le coût de l'électricité en baisse cette année et la renégociation du contrat avec le fournisseur devrait aussi permettre une économie de 300 000 euros cette année. "Petit à petit, on devrait revenir à un fonctionnement normal sur un certain nombre de charges en 2024", espère Olivier Constantin.
Un premier point d'étape doit être effectué avec le tribunal de commerce en avril prochain.
*Prénom d'emprunt