La commune de Gaillac dans le Tarn vient de préempter une forêt privée riche de 15 000 arbres pour y installer un potager géant qui servira à préparer les repas des cantines scolaires. Le propriétaire se sent lésé. La polémique enfle.
Pendant trente ans, Jean-Claude Courrieu a planté des milliers d'arbres sur son terrain situé en bordure de la zone d'activités du Mas de Rest à Gaillac "en pensant aux générations futures". Aujourd'hui, la forêt de 20 hectares rassemble des noyers, des érables, des cèdres ou encore des chênes. Mais à 80 ans, ce passionné a décidé de vendre sa parcelle.
Pendant deux ans, le terrain boisé ne trouve pas d'acheteur. Mais récemment, l'agglomération Gaillac Graulhet a préempté la parcelle. Son objectif : créer un potager pour alimenter les cantines scolaires de la ville et ainsi développer les circuits courts.
Notre but n'est pas d'abattre tous les arbres. Dans un premier temps, les plus anciens seront préservés. Ce terrain se situe à proximité de parcelles qui sont la propriété de l'agglomération, nous voulons développer un espace plus important. Oui il y a d'autres parcelles à vendre ailleurs, mais nous ne voulons pas nous mettre en concurrence avec d'autres agriculteurs.
Michel Malgouyres, conseiller communautaire agglomération Gaillac Graulhet
Le travail de toute une vie
Jean-Claude Courrieu se désole de la fin promise à ses arbres. Selon lui, il n'a aucun recours pour faire annuler la procédure. "Ça me sort les tripes. J'entretiens cette forêt depuis des années. Cette histoire de maraîchage c'est totalement farfelu".
Antoine d'Aragon, le président du syndicat des forestiers privés du Tarn est du même avis. Pour lui, c'est un poumon vert que l'on sacrifie.
L'agroforesterie : c'est une excuse bidon qui permet à l'agglomération de Gaillac Graulhet de récupérer des terres, de déclarer plus tard que ça ne marche pas et d'agrandir sa zone industrielle.
Antoine d'Aragon, président du syndicat des forestiers privés du Tarn
L'agglomération Gaillac Graulhet se défend de toute volonté de déboiser la zone. Pour la communauté, le potager et la forêt peuvent cohabiter. Espérons que les deux parties trouvent un terrain d'entente pour préserver cette biodiversité aux portes de la ville.