Vendredi 23 août se tiendra la troisième édition de cette bodega LGBT+ dans le cadre des fêtes de la Saint-Privat à Carmaux. Un combat réussi pour que l'esprit festif LGBT+ ne vive pas seulement dans les grandes villes.
Carmaux, dans le Tarn, 10 000 habitants. Son passé minier, l'ombre imposante de Jean Jaurès qui en fut député, son titre de champion de France de rugby en 1951, ses fêtes de la Saint-Privat et, depuis trois ans, sa Bodegay.
Drag Queens (et Kings) à Carmaux !
Ce vendredi 23 août 2019, se déroulera la troisième édition de cet événement festif, à coloration LGBT+ mais ouvert à tous, homos, bi et hétéros ! Au programme cette année, une "White Bitch Party" (jeu de mots en anglais inclus, traduction inutile !)Pour les organisateurs, c'est l'occasion de faire monter sur scène des artistes transformistes, des Drag Queens et pour la première fois cette année, un Drag King !
Un pari fou
Au départ, c'était un pari fou. En 2017, un Carmausin, Rémy Fréjaville, fils de mineur mais aussi Mister Tétu en 2012 et ancien candidat au titre de Mister Gay Monde, embarque ses copains de l'association festive Point de Fût, qui décident alors d'ouvrir leur Bodega des fêtes de la Saint-Privat par une soirée LGBT : la Bodegay est née.Surtout, sous l'impulsion de Rémy, qui explique que "dans les villages, les mentalités sont plus fermées" et que lui-même a dû "cacher (s)on homosexualité jusqu'à ses 25 ans", ils décident d'en faire un moment de fête, de partage et d'intégration pour tous, pour que les Carmausins viennent en famille, petits et grands.
En 2017, nous avions consacré un reportage aux préparatifs de la première édition de cet événement. Demeurait alors une crainte que le message ne soit pas compris.Le but c'est d'amener de la visibilité pour normaliser l'homosexualité et faire voir qu'en milieu rural, il y a aussi des homos, qu'ils ne sont pas tous à Paris (Rémy Fréjaville)
Unique dans le sud-ouest
Dès la première année, c'est le succès et les copains décident de péréniser leur action. Alors que les fêtes de villages ou les férias se multiplient tout l'été dans le sud-ouest, Carmaux reste encore aujourd'hui une exception avec cet événement, placé sous la bannière arc-en-ciel.Là où le pari est gagné c'est qu'au-delà de la fête, les esprits évoluent et que l'ambiance permet à de jeune homos de s'assumer et de se montrer.
On a vu des garçons s'embrasser dans la rue. Je ne pense qu'ils auraient pu faire cela les 364 autres jours de l'année (Rémy Fréjaville)
Quant aux bénéfices financiers de la soirée, ils sont reversés à des associations qui luttent contre l'homophobie ou, comme Le Refuge, accueillent des jeunes homos jetés à la rue par leur famille.
Des Bodegay partout en France ?
Sur l'exemple de Carmaux, Rémy Fréjaville souhaite maintenant que toutes les villes et tous les villages qui ont une fête s'emparent de l'idée.Bientôt une Bodegay dans toutes les fêtes de village et des foulards roses aux côtés des traditionnelles tenues rouge et blanc des fêtes du sud-ouest ?
On en est encore loin mais ce type d'actions contribue à faire évoluer les mentalités, à faciliter l'intégration et la visibilité, à donner du courage, parfois, dans des zones rurales où vivre pleinement sa sexualité et afficher son identité n'est pas toujours évident.