Barrage de Sivens : après la mort d'un militant, les réactions politiques s'enchaînent

Après la mort tragique du militant écologiste Rémi Fraisse à Sivens, les réactions politiques sont nombreuses. Des écologistes notamment mettent sévèrement en cause le gouvernement. Le ministre de l'Intérieur parle "d'instrumentalisation sans vergogne"

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Rémi Fraisse, le manifestant de 21 ans mort sur le site du barrage contesté de Sivens, a été victime d'une explosion dont l'enquête doit déterminer si elle a été causée par une grenade des forces de l'ordre. Après les annonces faites par le procureur d'Albi et les conclusions des experts mandatés par le ministère de l'environnement, les politiques s'affrontent par médias interposés pour critiquer le dossier Sivens et la gestion du drame.



Retrouvez notre dossier complet sur le barrage de Sivens et la mort de Rémi Fraisse


Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur : "La lumière doit être faite"

"La mort d'un jeune garçon est un drame", a déclaré mardi matin Bernard Cazeneuve, adressant aux proches du manifestant Rémi Fraisse "des sentiments et des pensées de compassion et de tristesse". Le ministre de l'Intérieur a souhaité que toute la lumière soit faite sur cette affaire. "Il faut que les juges puissent enquêter pour savoir, il faut attendre que les enquêtes aient abouti avant que d'accuser. Des analyses sont en cours, il faut les laisser se déployer", a-t-il ajouté.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé "l'instrumentalisation sans vergogne" de la mort du manifestant, en réponse notamment aux attaques de Cécile Duflot et de José Bové. "Un certain nombre de propos tenus ce matin m'ont choqué et relèvent d'une instrumentalisation politique sans vergogne d'un drame. Cela n'est pas acceptable et doit être condamné", a affirmé le ministre lors d'une allocution place Beauvau.

José Bové (EELV): "C'est une provocation"

Le député européen José Bové a en effet accusé Bernard Cazeneuve de "provocation" pour avoir posté des gendarmes sur le site du barrage de Sivens, où Rémi Fraisse est mort lors d'affrontements, demandant au ministre de "s'expliquer". "Il est évident que le ministre de l'Intérieur a la responsabilité. Pourquoi mettre des policiers sur ce site alors qu'il n'y a rien à protéger? C'est une provocation", a déclaré José Bové sur BFM TV.

"On a envie au niveau du ministère que les choses dérapent. C'est une vieille pratique de manipulation. C'est un chiffon rouge. Il y a une erreur lourde et il va falloir que le ministère de l'Intérieur s'explique. Je demande solennellement au ministre de s'expliquer", a-t-il ajouté. "J'accuse le ministre de l'Intérieur d'avoir mis délibérément des gendarmes pour garder une zone dévastée sans aucun engin (de chantier, ndlr), uniquement pour créer de la tension".

"Bernard Cazeneuve ne se rend pas compte de ce qu'est la démocratie. Le fait de mener un combat légitime est un droit. L'Etat s'obstine. On a connu ça avec le Larzac", a-t-il poursuivi. Interrogé sur les manifestations violentes d'opposants au barrage qui se sont succédé ces derniers jours, M. Bové a dit que "la stratégie non violente est toujours préférable". "Je ne comprends pas à quoi ça sert de faire ce genre de démonstrations. Malheureusement, on a toujours une frange qui réagit de cette manière-là. On peut aussi avoir des provocateurs et des gens infiltrés pour détourner le regard".

Cécile Duflot (EELV) : "un​e tache indélébile sur l'action du gouvernement"

L'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot a qualifié mardi de "tache indélébile sur l'action du gouvernement" la mort deRémi Fraisse. "C'est une situation qui pour moi est absolument intolérable et qui va finir par être une tache indélébile, je le dis, sur l'action de ce gouvernement", a déclaré Mme Duflot sur France Info. "Depuis 1977, il n'y avait pas eu de mort dans des manifs écolos" et "depuis 1986 et Malik Oussekine, il n'y avait pas eu de mort dans une manifestation", a renchéri sur France Inter Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts (EELV).

Pour Cécile Duflot, "il y a 48 heures, un jeune étudiant de 21 ans dont l'activité bénévole était de faire découvrir la nature, a été tué dans des conditions qui sont encore à éclaircir mais qui posent des questions extrêmement lourdes". "Et depuis 48 heures, aucun membre de ce gouvernement qui avait pourtant, théoriquement, fait de la jeunesse une priorité, ne s'est exprimé pour présenter ses condoléances, pour dire qu'il regrettait infiniment ce qui s'est passé", a dénoncé la députée de Paris, qui a quitté le gouvernement en avril, après la nomination de Manuel Valls à Matignon.

Mme Duflot a dit avoir "alerté les plus hautes autorités" car elle était "très inquiète sur les modalités d'intervention des forces de l'ordre" qui "posent lourdement question" sur ce site. "Je suis allée lundi sur le site et je ne laisserai personne dire qu'il y a là-bas un maquis de jeunes radicalisés. Ce que j'ai, vu ce sont des jeunes qui agissent de manière pacifique, qui veulent défendre la nature, la biodiversité, une façon de voir leur avenir", a-t-elle dit.

François Fillon (UMP) met en cause les Verts

François Fillon (UMP) a qualifié mardi de "drame qui ne peut être accepté" la mort de Rémi Fraisse mais a pointé "une part de responsabilité" de ceux qui utilisent "la violence politique", mettant en cause "en particulier les Verts". "Ce qui se passe sur l'aéroport de Notre-Dame des Landes, comme ce qui se  passe sur ce barrage de Sivens, ce sont des comportements qui sont inacceptables. Qu'est-ce qu'on dirait si c'était l'extrême droite qui se conduisait comme ça?", a demandé le responsable d'opposition, évoquant un "comportement antidémocratie et antirépublicain". 

"Je mets en cause en particulier les Verts", a dit M. Fillon. "On dit que ce sont des casseurs qui étaient au premier rang dans ces manifestations. Mais en réalité, ce ne sont pas des casseurs, ce sont des extrémistes politiques". "Je ne dis pas que ce sont les Verts qui soutiennent ces extrémistes, mais enfin ils sont ensemble, d'une certaine manière, ils agissent ensemble", a accusé le dirigeant UMP. "Je n'aime pas la politique de M. Hollande et M. Valls", a ajouté M. Fillon. Mais "je ne descends pas dans la rue et je ne casse pas le pays au motif que c'est contraire à mes convictions".
François Fillon : "des comportements... par Europe1fr

Hugues Fourage, porte-parole des députés PS : "On ne c​ède pas à la violence"

Hugues Fourage, porte-parole des députés socialistes, a défendu le projet de barrage de Sivens, qui "a reçu l'aval des élus", et s'est indigné, à l'instar de Manuel Valls, de "propos inacceptables et irresponsables" après la mort d'un manifestant. "Tout projet qui a reçu l'aval des élus doit-il être arrêté parce qu'une minorité le souhaite ?", a demandé ce député de Vendée lors d'un point de presse. "Ce projet a franchi toutes les étapes démocratiques et ce n'est pas une minorité qui doit imposer à la majorité telle ou telle position",  a-t-il ajouté, jugeant qu'"on ne cède pas la violence". "On a dit que c'était un projet pour l'irrigation mais on a oublié de dire que c'était aussi pour apporter de l'eau à la ville de Montauban", a souligné Hugues Fourage. 

Après la mort d'un manifestant dimanche sur le chantier du barrage, "le premier des réflexes doit être l'empathie, la compassion et la solidarité avec la famille" devant "ce qui est d'abord tout un drame familial, un drame personnel", a-t-il dit. "J'ai entendu des propos inacceptables et irresponsables qui jettent de l'huile sur le feu, et certains se permettent des comparaisons avec Malik Oussekine, alors que les circonstances ne sont pas les mêmes", a-t-il ajouté, en référence à la mort de ce manifestant lors du mouvement étudiant de 1986.

Christian Jacob, président des députés UMP : les organisateurs doivent "mesurer les risques"

Le président des députés UMP Christian Jacob a jugé mardi que la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage contesté de Sivens était un "drame effroyable" mais aussi que les organisateurs de telles manifestations devaient "mesurer les risques". Après avoir adressé "une pensée pour la famille et les proches de ce jeune, car perdre la vie à 22 ans c'est toujours un drame terrible", M. Jacob a déclaré lors d'une conférence de presse qu'"il ne faut  pas que ce drame effroyable soit le prétexte à une mise en cause des forces de l'ordre, qui font un travail extrêmement difficile". "Les organisateurs de ce type de manifestations doivent avoir le sens des responsabilités et mesurer les risques", a-t-il ajouté. L'élu de Seine-et-Marne a évoqué "des casseurs qui passent de manif en manif - qu'on ne m'explique pas qu'on ne l'avait pas prévu".

Comme on lui demandait s'il souhaitait l'arrêt du projet de barrage controversé dans le Tarn, M. Jacob a rétorqué : "Absolument pas! Ce projet de barrage est une nécessité et permet de maintenir des emplois, de l'activité et je ne vois pas au nom de quoi on devrait le remettre en cause".

Marisol Touraine, ministre de la Santé : "Cela reste une tragédie"

La ministre de la Santé Marisol Touraine a déploré mardi une "tragédie" après la mort du manifestant Rémi Fraisse et a appelé à attendre le résultat des "enquêtes" à l'issue desquelles "des décisions pourront être prises". "Tout d'abord, cela reste une tragédie", a déclaré la ministre sur France 2. "Je pense à ce jeune homme de 21 ans, je pense à ses parents, à sa famille, parce qu'on ne meurt pas comme cela, dans une manifestation. Je veux leur présenter mes condoléances", a-t-elle ajouté, alors que le gouvernement était critiqué mardi matin pour sa gestion de l'affaire.

"Des enquêtes sont en cours, des enquêtes diront ce qui s'est passé, c'est à partir de là que des décisions pourront être prises", a poursuivi la ministre de la Santé et des Affaire sociales, estimant que "cet événement tragique rappelle qu'il faut être responsable, attentif dans les manifestations".


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