L'avocat de la famille de Rémi Fraisse privilégie la thèse d'un "tir d'arme" par les gendarmes pour expliquer la mort du manifestant sur le site du barrage de Sivens, jugeant "affligeant" qu'une information judiciaire n'ait pas été ouverte. Il va déposer une plainte pour "homicide volontaire"
"Je m'oriente plutôt vers un tir d'arme, un projectile, flash-ball, grenade, à tir tendu, assez proche, pendant une charge des gendarmes mobiles", a déclaré Me Ari Alimi sur France Info, confirmant qu'il déposerait plainte pour "homicide volontaire" ce mardi matin. "Moi, c'est ce à quoi les résultats de l'autopsie me font penser au jour d'aujourd'hui. Maintenant, c'est peut-être tout à fait autre chose. C'est le juge d'instruction qui le déterminera", a-t-il ajouté.
Expliquant que la plainte soit déposée pour homicide "volontaire" et non "involontaire", l'avocat a fait valoir que les gendarmes étaient "des militaires aguerris" qui "savent que, dans certaines conditions, des projectiles tirés peuvent provoquer la mort". "Des militaires savent parfaitement que cela peut provoquer la mort, il peut y avoir une intention de la donner", a-t-il asséné.
Le ministère public, a ajouté l'avocat, "essaie de semer un petit peu la confusion et de dire que le décès de Rémi peut être causé par un cocktail molotov lancé par les manifestants" lors des affrontements avec les forces de l'ordre sur le site du barrage dans la nuit de samedi à dimanche. "Ce que je sais c'est qu'il n'y a pas de brûlures. Un cocktail molotov provoque des brûlures donc moi, je fais un postulat de départ, je m'oriente plutôt vers un tir d'arme".
Le conseil a jugé "affligeant" que le procureur de la République à Albi, Claude Dérens, n'ait pas ouvert une information judiciaire, ce qui aurait pu "remettre cette enquête dans les mains d'un juge d'instruction indépendant". Dans une conférence de presse donnée lundi à Albi, le procureur a indiqué que les résultats de l'autopsie sur le corps de Rémi avaient montré que sa "plaie importante située en haut du dos a été causée, selon toute vraisemblance, par une explosion". "Mais le légiste ne peut ni affirmer ni infirmer que l'origine de la plaie proviendrait d'une grenade lancée depuis la zone où les gendarmes étaient retranchés", avait-t-il ajouté.
Notre dossier complet sur le barrage de Sivens et la mort de Rémi Fraisse
AFP le 28/10/2014 07:40:12