Jugeant, que le projet est une "aberration environnementale, sociale et économique", une centaine d’élus, de personnalités et de scientifiques signent une tribune pour s’opposer à la réalisation de la future autoroute A69 Castres-Toulouse.
Ils sont députés, sénateurs, scientifiques ou encore spécialistes de l’aménagement du territoire et des questions environnementales, et ils dénoncent le projet de liaison autoroutière de 54 kilomètres qui relierait Castres à Toulouse.
Cette centaine de personnalités vient de signer la tribune du collectif La Voie est libre, pour qui "l‘autoroute A69 Castres-Toulouse serait une infrastructure totalement inadaptée aux besoins de mobilité du sud du Tarn, d'une part, et catastrophique sur le plan environnemental d'autre part".
Un projet "inutile" et un "désastre environnemental" selon les signataires
Les signataires de la tribune dénoncent un projet « inutile » au vu du "trafic dérisoire" sur cet axe, "imposé par des lobbies locaux aveuglés par le mirage d’un effet positif sur l’économie locale", et surtout "nuisible" pour l’environnement. L’autoroute Castres-Toulouse impliquerait de bitumer plus de 300 hectares de terres.
À travers la signature de cette tribune par des personnalités nationales mais aussi des spécialistes du sujet, nous voulions montrer que l’enjeu écologique de ce projet dépasse le cadre local.
Geoffrey Tarroux, membre du collectif La voie est libre
Parmi les signataires, des personnalités politiques comme les députés Clémentine Autain, Eric Coquerel, Adrien Quatennens ou Manuel Bompard.
Le collectif considère que le projet va à l'encontre des engagements du gouvernement en terme d'écologie. "Le gouvernement a voté l'année dernière la loi "Climat et résilience" qui prévoit de diviser par deux l'artificialisation des sols sur les dix prochaines années, par rapport à la précédente décennie. Il ne peut pas soutenir un tel projet qui va à l'inverse des principes de cette loi", considère Geoffrey Tarroux.
Un "levier de développement durable" selon le directeur du projet
Face aux arguments de ses détracteurs, le directeur du projet auprès du préfet du Tarn évoque une infrastructure attendue avec impatience. "Depuis des mois, je rencontre différents acteurs concernés par le tracé de l’autoroute : maires, équipes départementales, entreprises, syndicats … et ce que j’entends est plutôt une forme de consensus en faveur de ce projet qui est attendu depuis de longues années dans ce bassin de vie", explique Yasser Abdoulhoussen.
Concernant les enjeux environnementaux, pour le directeur de projet, "il ne s’agit pas d’interdire la mobilité, mais d’en maîtriser les impacts". L’ambition est de construire "l’autoroute du XXI siècle", avec des bornes de recharge pour voitures électriques et un péage en flux libre (système de péage qui identifie les véhicules sans qu’ils ne s’arrêtent et évite donc la bétonisation supplémentaire liée aux gares de péage).
L’idée, c’est de faire de cette autoroute un levier de développement durable pour le territoire. Elle va permettre de connecter la locomotive économique qu’est Toulouse à une ville moyenne comme Castres et tout un tas d’autres territoires ruraux.
Yasser Abdoulhoussen, directeur de projet auprès du préfet du Tarn, chargé de la valorisation de l'A69
Le groupe NGE, désigné concessionnaire de l'autoroute, devrait signer le contrat de concession très prochainement. Le chantier devrait alors démarrer en 2023 pour une mise en service prévue en 2025.