Des pulls "made in Tarn" au "made in China" pour les militaires ? Retour sur la polémique qui fait pschitt

Regain, une manufacture de pulls et uniformes basée dans le Tarn, a perdu son contrat d’exploitation avec l’Armée au profit de deux entreprises françaises fabriquant à l'étranger. La polémique enfle, les politiques s'en mêlent : les pulls viennent-ils de Chine ou d'ailleurs ? Explications.

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Les mains expertes des ateliers de tricotage et de confection de la manufacture Regain basée à Castres, ne feront plus de la maille avec l’armée française. Depuis 1973, l’entreprise implantée dans l'ex Midi-Pyrénées collabore avec les plus grands : Yves-Saint-Laurent, Givenchy, Pierre Cardin…  Elle habille même les représentants de la Nation, comme les sapeurs-pompiers, la Police ou encore l'Armée.

Ou plutôt les habillait jusqu'ici, car l'entreprise basée dans le Tarn aurait perdu ses contrats avec l'Armée à la faveur d'un producteur étranger. Arnaud Montebourg le chantre du "made in France" pointe du doigt un fabricant chinois d'après nos confrères de France Bleu, et prévoit une visite à l'usine Regain le jeudi 4 novembre pour "défendre la commande publique".

Sauf que les contrats ont en réalité été récupérés par deux entreprises françaises, et conclus en 2020... C'est le début de l'emballement médiatique autour de la polémique qui a rythmé ce jeudi 4 novembre.

Une visite d'Arnaud Montebourg sur fond de présidentielle

Pour soutenir l'entreprise du Tarn et ses employés, Arnaud Montebourg annonce se rendre jeudi 4 novembre dans la matinée à l'usine de Castres. Celui qui défend une "remontada de la France" veut défendre la maestria ouvrière du pays, dénoncer les délocalisations et la perte de contrats publics au profit de firmes étrangères.

Ce combat est devenu la marque de fabrique du candidat à la présidentielle de 2022, avec laquelle il tente de séduire l'électorat et attirer l'attention des médias. Dans le Tarn, il s'engage à surveiller les conditions d'octroi de la commande publique, tandis que la polémique continue à prendre de l'ampleur sur les réseaux sociaux. Du simple quidam aux personnalités politiques, la nouvelle fait réagir. 

Marine Le Pen aussi s'empare de la polémique pour déclarer qu'elle reversera "l'essentiel de la commande publique aux entreprises qui produisent en France", en sa position de candidate à la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise tacle l'Armée française, et demande si la Chine vend également des "militaires chinois".

 

Embroglio sur la provenance des pulls, l'Armée sort du silence

Le marché public de fourniture de pulls a été remporté en septembre 2020 par la marque de vêtements marins Saint James et l'entreprise Léo Minor - qui fournit déjà de nombreuses administrations de la défense et de la sécurité intérieure du pays. Les deux groupes restent français, mais une partie de leur activité est délocalisée à l'étranger. Le site de Léo Miror parle d'unités de production en France, au Maroc et en Tunisie. Quant à l'entreprise Saint-James, plus de 70% de sa production se trouve en Normandie, le reste se passe à l'étranger.

Face à l'avalanche de réactions, le porte-parole du ministère des Armées s'explique sur Twitter et dénonce des "fake news". 

Au micro de France 3, le patron l'entreprise tarnaise Regain, Laurent Brunas, s'est lui aussi agacé: "Ce matin, j'ai été très surpris d'apprendre que nous avions perdu un marché au profit de la Chine. La seule chose vraie dans cette désinformation, c'est que nous avons perdu un marché, et c'était il y a 18 mois"

La manufacture du sud-ouest n'a cependant pas tout perdu dans l'histoire. En plus d'avoir profité d'un coup de publicité, elle a aussi pu bénéficier au titre de mesures de relance d'un contrat de 500.000 euros pour fournir 15.000 chandails.

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