A partir de janvier 2023, les parents devront payer l'étude et la garderie du soir à Castres (Tarn). Cette mesure inquiète la communauté enseignante concernant les élèves issus des milieux les plus modestes.
Ce n'est pas la première commune concernée, mais l'amertume est présente. Place de la République, à Castres (Tarn), le périscolaire rendu payant dès janvier 2023 fait l'effet d'une douche froide. "C'est injuste, injuste", nous confie une maman d'élève à la sortie de l'école. "C'est dégueulasse", ajoute un autre parent révolté par cette mesure.
Dès la rentrée, comptez 50 centimes de l'heure pour la garderie en maternelle. Et jusqu'à un euro pour l'étude surveillée en primaire. Dis comme ça, les sommes peuvent paraître désuètes, mais multipliées par le nombre d'enfants et de jours, elles inquiètent le porte-monnaie des familles les plus défavorisées.
"Ils n'ont qu'à économiser ailleurs"
Voilà ce que nous a répondu le maire de Castres, Pascal Bugis (DVD), contacté par téléphone. Avant d'ajouter : "avec la hausse des prix, je ne trouve pas ça aberrant de faire payer aux usagers un service dont ils bénéficient."
Cette mesure, votée par la majorité municipale, le mardi 13 décembre, a pour objectif de récolter 40.000 euros sur les 400.000 déboursés par la commune pour financer le périscolaire. Un moyen selon le maire de continuer à garantir ces services sans les dégrader.
La commune devrait également augmenter le tarif de la cantine.
Une mesure discriminante
Pour le corps enseignant, la fin de la gratuité du temps périscolaire risque d'augmenter le risque de décrochage. "Nous craignons que les 3/4 des familles ne désertent l'étude faute de moyens…", déplore Mathieu Molès enseignant et secrétaire départemental de la FSU. Il ajoute :
Les enfants pourraient ne plus avoir de suivi ni à l'école, ni à la maison, notamment dans les familles où l'on ne parle pas français.
Selon une étude menée par l'Éducation nationale, plusieurs écoles de la commune figurent parmi les plus défavorisées de l'académie de Toulouse.
Mathieu Moles conclut : "cette mesure n'est pas illégale, mais faire ça à Castres, c'est clairement anti-social."
"On ne pourra plus se permettre le moindre loisir"
Vanessa Verbeke est mère de cinq enfants. Elle est auxiliaire de vie, son mari contremaître dans une entreprise de la région. Malgré leurs salaires respectifs, l'annonce de la mairie a fait l'effet d'une bombe.
"On a l'impression que la moindre économie que l'on fait ne sert à rien", déplore cette maman. Elle ajoute : "je ne veux pas les retirer de l'étude, car les professeurs font un travail que je ne peux pas fournir, donc pour compenser, on ne pourra maintenant plus se permettre le moindre loisir."
Sur les réseaux sociaux, des dizaines de parents nous ont contactés pour dénoncer cette situation. Le maire a quant à lui assuré retirer sa mesure polémique, dans le cas où le gouvernement mettrait en place un bouclier tarifaire.