Il a dû arrêter sa carrière à cause d'une insuffisance rénale. Florian Houérie, ancien rugbyman castrais, met en cause le médecin du Castres Olympique. Il a engagé une action en justice pour que toutes les reponsabilités soient reconnues.
Atteint d'une glomérulonéphrite aigüe (affection du rein) Florian Houérie, un ancien joueur du Castres Olympique, attaque aujourd'hui son ancien club en justice.
Si cette maladie rénale avait été traitée à temps, il aurait eu 70% de chances de la surmonter.
Il impute la responsabilité de la perte d'un de ses reins et de sa fin de carrière prématurée au médecin du club. Il poursuit aussi le biologiste expert auprès de la ligue nationale de rugby, Gérard Dine, et un laboratoire d'analyses bordelais. Une affaire révélée par l'émission Stade 2.
Tout bascule en novembre 2015
Sa vie a basculé le 6 novembre 2015. Ce soir-là, Florian Houérie, jeune pilier gauche du Castres Olympique a appris par un coup de téléphone d'un médecin en charge du centre de formation du Castres-Olympique qu'il avait un problème de santé. Avant de découvrir un peu plus tard, aux urgences de l'hôpital d'Albi, qu'il souffrait d'une insuffisance rénale. A 22 ans, Florian Houérie est atteint d'une glomérulonéphrite aigüe, une inflammation qui atrophie les reins, en bloque le fonctionnement et peut même être mortelle dans son stade ultime."Les médecins m'ont dit que j'avais le potassium à un taux extrêmement élevé", témoigne Florian Houérie au micro de Stade 2. "Ils m'ont dit que j'avais un peu de chance sur le coup parce que si j'avais fait un effort trop important, une mêlée qui serait peut-être mal poussée, j'aurais pu faire un AVC, une crise cardiaque sur le coup, le week-end d'avant quand j'étais rentré à Clermont, par exemple".
Sans le savoir, le 30 octobre 2015, Florian Houérie a donc joué son dernier match, en temps que pilier gauche, face à Clermont. Depuis, il n'a jamais refoulé les pelouses. Il a dû subir une greffe de rein et il est aujourd'hui en reconversion professionnelle.
Beaucoup de questions
Depuis 3 ans, Florian Houérie se pose beaucoup de questions. Comment être passé à côté d'une telle affection, alors qu'une simple analyse de sang suffit à la détecter et alors que les analyses de sang sont si fréquentes chez les joueurs de rugby ? La ligue nationale de rugby (LNR) impose en effet une analyse de sang tous les 3 mois pour le suivi scientifique des joueurs et la prévention anti-dopage. Un dispositif qui sert aussi d'alerte médicale. Mis en cause par l'ancien joueur et son avocat, le Toulousain Jean Iglésis, Gérard Dine, le biologiste expert de la LNR indique au micro de Stade 2 que le médecin du club a bien été alerté, à plusieurs reprises : "si vous avez des anomalies qui relèvent de la médecine générale, ce qui est le cas, ces éléments vont être signalés. et donc, ils ont été signalés par le biais de plusieurs mails envoyés dans le cadre de la procédure LNR à l'adresse électronique qui est communiquée par le secrétariat médical du club de Castres pour son médecin référent".Quatre analyses restées lettre morte
Entre octobre 2014 et novembre 2015, Florian Houérie a fait quatre analyses de sang. Trois fois, les courriers du laboratoire sont restés lettre morte. A la quatrième, ce dernier a appelé directement le médecin du club. Mais il était trop tard. En un an, la maladie avait trop progressé pour pouvoir l'enrayer sans une greffe du rein. L'expertise ordonnée par le tribunal de grande instance de Toulouse est sans appel : "le retard de diagnostic n'a pas permis d'adresser Monsieur Houérie vers un néphrologue qui aurait pu mettre en oeuvre en temps utile les traitements adaptés" disent les deux médecins experts. "Le dommage est donc constitué par la perte de chance de guérison consécutive à ce retard".L'avocat de Florian Houérie, joint par France 3, le souligne encore aujourd'hui : "Il faut avoir vu l'étonnement des deux médecins experts au tribunal. L'anomalie est tellement évidente que même un étudiant en première année l'aurait vue. Les taux de cholestérol et de créatinine de Florian étaient tellement anormaux que même nous, on aurait pu le voir". Et de rappeler que si sa maladie avait été prise en charge à temps, "Florian aurait eu 70% de chances de guérison".
Le médecin du Castres Olympique mis en cause
Mis en cause, le médecin du club a indiqué lors de la remise du rapport d'experts n'avoir jamais consulté les rapports que lui envoyaient Gérard Dine et le laboratoire d'analyses. Une faute pour l'avocat de Florian Houérie : "c'est le médecin du club, certes, mais c'est aussi le médecin traitant de Florian. C'est sa responsabilité de médecin de regarder ses analyses et de le soigner".Jean Iglésis met également en cause l'attitude du Castres Olympique dont Florian Houérie n'a plus de nouvelle, depuis la fin de son contrat. "Ils l'ont oublié", dit-il. "Ils l'ont oublié alors que leurs structures n'ont pas décelé une maladie qui était décelable. C'est l'ère du professionnalisme, loin de l'esprit familial de certains clubs".
Du côté du Castres Olympique, on se refuse aujourd'hui à tout commentaire et sur cette affaire et sur le reportage de Stade 2.
Une audience dans les mois à venir
Aujourd'hui, Florian Houérie veut que son préjudice soit reconnu. Il veut aussi que toutes les responsabilités soient établies. Il poursuit devant le tribunal de grande instance de Toulouse le biologiste de la LNR, Gérard Dine, le laboratoire qui a fait les analyses, le médecin du club et la direction du Castres Olympique. L'audience devrait avoir lieu dans les prochains mois, plus de deux ans après le début de la procédure.En attendant, il a repris ses études. Il souhaite créer une structure d'aide à la reconversion des joueurs de rugby.