Des opposants au projet de barrage de Sivens ont envahi ce mardi les locaux du Conseil général du Tarn à Albi. Les forces de l'ordre ont du les déloger et des incidents ont éclaté.
Quelque 70 manifestants opposés à la construction du barrage de Sivens dans le Tarn, ont forcé mardi matin l'entrée du Conseil général gardée par quelques policiers, bien décidés à s'installer dans les locaux de la collectivité territoriale à Albi. Thierry Carcenac, le président PS du Conseil général qui porte ce projet public de barrage-réservoir, était à Paris pour y rencontrer la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal.
Les occupants, qui comptaient de nombreux jeunes, ont tagué sur les murs de la collectivité: "ZAD (zone à défendre) partout", "à bas le Conseil général" ou encore "Carcenac responsable criminel". Un jeune homme surnommé "Verdun", militant écologiste porte-parole des occupants du Conseil général, a dit : "notre petit déjeuner (sur le site du projet de barrage), c'est la lacrymo... Nous demandons que les violences cessent et l'ouverture d'un dialogue". L'un des manifestants a été placé en garde à vue, soupçonné d'avoir asséné "un coup de tête volontaire" à un commandant de police, selon le directeur départemental de la sécurité publique, Pierre-Marc Panazio. L'officier a eu le nez cassé, a précisé une source policière.
L'évacuation s'est faite de façon musclée, alors que les manifestants s'agrippaient les uns aux autres, assis par terre. Le président du groupe Europe Ecologie Les Verts au conseil régional, Guillaume Cros, s'est plaint dans un communiqué d'avoir été "molesté, insulté et expulsé par les forces de l'ordre".
Dans un communiqué, Thierry Carcenac a annoncé qu'il allait porter plainte. Le président du conseil général du Tarn dénonce des comportements" intolérables et dangereux" et des" discours de contre-vérité". "Le personnel présent, particulièrement choqué, a assisté à des scènes de vandalisme perpétrées par certains opposants se revendiquant comme anarchistes. Il est inadmissible dans un État de Droit que l’on s’oppose avec une telle violence et de tels actes à des décisions prises dans un cadre légal, respectueuses des règles démocratiques existantes dans notre pays."
De leur côté les opposants, délogés par les forces de l'ordre dénoncent les violences dont ils ont fait l'objet.
Sur le site de Sivens, toujours des affrontements
Au même moment, dans la forêt de Sivens, des gendarmes mobiles (de la Cellule nationale d'aide à la mobilité) s'employaient à faire descendre les écologistes installés dans des arbres, a indiqué un responsable de la gendarmerie. "Je me suis fait déloger de ma plateforme située à 18 mètres de hauteur, dans un grand chêne, mais ils leur a fallu trois heures", a témoigné Camille, 30 ans, joint par téléphone. Ce militant écologiste occupait les lieux depuis la fin août pour, a-t-il dit, "défendre la forêt et la démocratie contre les projets imposés"."Des gendarmes ont grimpé à la corde, défoncé le plancher de notre cabane au pied de biche, ils m'ont menotté et descendu comme ça", a-t-il ajouté, en admettant qu'ils avaient "agi avec correction".
Le porte-parole du collectif Sauvegarde de la zone humide du Testet, Ben Lefetey, a déploré la poursuite du déboisement, alors que Mme Royal avait annoncé lundi l'envoi d'experts pour évaluer le projet. "Les travaux doivent cesser immédiatement et au moins jusqu'aux conclusions de ces expertises", a-t-il demandé.
Le même jour, les militants ont mis en scène la destruction symbolique d'un barrage similaire, construit il y a 17 ans entre Carmaux et Gaillac, mais qui selon eux n'a pas d'existence légal
Le porte-parole d'un collectif d'opposants, Ben Lefetey, a vivement déploré la poursuite du déboisement, alors que Mme Royal avait annoncé lundi la création d'une mission d'expertise pour évaluer le projet. "Le chantier est reparti de plus belle avec une répression policière encore plus forte. On demande à Carcenac de respecter la justice, les experts, les opposants pacifiques et donc de suspendre les travaux", a-t-il dit.
Le déboisement de la zone du barrage, dont la construction entraînerait la disparition d'un réservoir de biodiversité de 13 ha, donne lieu à des heurts sporadiques depuis début septembre entre opposants et forces de l'ordre.