Malgré un argument régulièrement avancé à propos du désenclavement d'une partie du Tarn grâce à l'autoroute Toulouse-Castres, une partie du tissu économique s'oppose au chantier. L'ouverture de ce tronçon serait même pour eux "pénalisant". Témoignages.
En ce début de mois décembre, les machines de cette usine tournent à plein régime. À l'approche de l'hiver, les vêtements en laine et mohair "Missègle" trouvent en effet acquéreur. Cela fait maintenant quarante ans que l'entreprise se développe sur les hauteurs de Castres (Tarn) sans avoir eu besoin d'une autoroute.
"Quand je vais à Toulouse? Mon vrai principal problème c'est l'entrée en ville. C'est pas les 10 minutes que je vais gagner avec l'autoroute qui vont changer quelque chose. Malheureusement, ça va m'obliger à passer par la nationale", explique Myriam Joly, la fondatrice de Missègle avant de se souvenir, un peu amère : "Quand la CCI nous a interrogés, elle a sondé 13 000 chefs d'entreprise du Tarn. Et il y en a 550 qui ont dit qu'ils étaient pour.... Moi, j'appelle pas ça un plébiscite".
Le faible soutien du monde économique local semble apparent malgré l'argument du désenclavement, agité par les soutiens de l'A69.
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"Pénalisant"
À Toulouse, cette autre entreprise, spécialisée dans le prêt-à-porter féminin se fournit dans le Tarn. C'est notamment un des clients de "Missègle".
"On a effectivement des pulls qui viennent de chez Missègle et qui ont été faits avec une laine mérinos d’Arles", détaille Blandine Legait, cofondatrice de l'entreprise. Pour elle, l'autoroute ne va pas améliorer les livraisons de pièces et favoriser le business. C'est même le contraire.
"Pour moi, c'est plus du négatif parce que les livreurs ne vont pas prendre cette autoroute car elle est trop chère. Pour mes employés ou moi-même, quand on s'y rend, c'est pareil. Ou alors il faudra prendre la Nationale qui sera beaucoup plus longue puisqu'ils vont rajouter des ronds-points. Donc pour moi c'est vraiment pénalisant pour notre collaboration avec nos sous-traitants du sud du Tarn".
Lundi, le tribunal administratif de Toulouse doit rendre sa décision sur le recours portant sur l'autorisation environnementale du projet autoroutier. Dernier espoir pour ses opposants de voir stoppé l'avancée des travaux.