Le tribunal a examiné lundi 25 novembre les recours déposés par les opposants à l'autoroute contre l'autorisation environnementale accordée en mars 2023. Il devrait rendre sa décision autour du 9 décembre. En attendant, des élus pro-autoroute disent s'inquièter des conséquences d'une annulation potentielle de l'autorisation du chantier.
Le tribunal administratif de Toulouse a examiné le recours en annulation de l'autorisation environnementale de l'autoroute A69 le 25 novembre. À la surprise générale, quelques jours avant, la rapporteure publique a préconisé l'annulation totale du projet. Elle explique qu'il n'existe pas de "raison impérative d'intérêt majeur justifiant la dérogation espèces protégées".
En matière de justice administrative, les préconisations du rapporteur public sont suivies le plus souvent. Dès lors certains élus pro-autoroute s'inquiètent, même s'ils se disent confiants. C'est le cas de Jean-Luc Alibert, le maire de Soual (Horizons), également conseiller départemental du Tarn, qui a du mal à imaginer une remise en question du chantier : "ça signifierait une décision négative pour nous, que l'on remette en cause tout un projet de territoire et bien évidemment tout un chantier qui est en cours qui est plutôt en phase de se terminer plutôt que de commencer".
"Si le chantier s'arrête, poursuit le maire, les conséquences seront catastrophiques. Je pense en premier lieu à tous les emplois qui ont été créés et à toutes ces personnes qui bossent, qui se lèvent tous les matins pour ce chantier, pour lesquels certains c'est parfois leur premier emploi (...), à l'économie en général, avec beaucoup d'entreprises qui attendent cette autoroute pour pouvoir poursuivre et développer des investissements".
Crainte pour l'emploi
Jean-Luc Alibert estime que les conséquences seraient aussi problématiques pour la santé. I donne l'exemple du centre hospitalier de Castres, qui fonctionne "parce qu'il y a des professionnels de santé qui viennent de la métropole toulousaine tous les jours". Si cette autoroute ne voit pas le jour, il affirme que ce serait la mort d'une grande partie des services de santé qui seraient mis en grande difficulté.
L'élu compare la situation de Castres à celle de Montauban, de Castelnaudary ou de Carcassonne : "là-bas, il y a eu en quelques années beaucoup plus d'habitants qui sont arrivés, mais il y a aussi de l'emploi qui s'est créé. Nous, c'est totalement l'inverse".
De son côté Philippe Pérès, élu à Saïx, se dit triste d'être, comme les administrés de sa commune, potentiellement considéré comme un citoyen de seconde zone. "Nous serions des citoyens un peu de seconde catégorie puisque toutes les villes moyennes maintenant de notre région bénéficient d'une autoroute ou d'une voie rapide pour accéder à Toulouse".
S'il se dit confiant dans la justice, il dit s'appuyer aussi sur l'opinion de ses concitoyens. "Des enquêtes, des études ont été faites, je ne vais pas revenir dessus, démontrant qu'une très grande majorité des gens de ce territoire sont totalement favorables à cet outil".
Quid des "compensations écologiques" ?
"C'est un outil l'autoroute, ce n'est pas une fin en soi, c'est ça qu'il faut bien comprendre, poursuit le conseiller municipal de Saïx. C'est un outil de développement, nous avons beaucoup travaillé les uns et les autres, et c'est un outil non seulement économique mais social. Il faut voir tous les gens qui vont à Toulouse se faire soigner, comme quelquefois des pathologies lourdes, qui sont obligées d'emprunter la nationale 126, qui n'est plus du tout adaptée à un trajet à la fois rapide, sécurisé, comme les autres citoyens de notre région en bénéficient".
L'élu cite les étudiants, les salariés qui seraient lésés si le projet n'aboutissait pas alors qu'il est sorti de terre. On estime à 60% l'avancée des travaux. "On en a un coût d'à peu près 1,5 milliard. Ça serait une catastrophe économique, puisque tous les projets économiques que nous avons bâtis autour de l'autoroute seraient remis en cause, voire abandonnés". Et l'élu de mentionner les conséquences écologiques car les compensations promises par le concessionnaire ne seraient pas mises en œuvre.
Le tribunal administratif va devoir statuer sur quatre recours contre l'A69 d'ici le 9 décembre.