L'entreprise Pierre Fabre, principal acteur économique du sud du Tarn, menace de devoir remettre en cause sa politique d'implantation locale, si le chantier de l'autoroute A69 était annulé. Le tribunal administratif de Toulouse (Haute-Garonne) doit rendre sa décision, sur l'avenir du chantier, dans les quinze jours à venir.
Le dossier brûlant de l'A69 est prêt à s'enflammer. Et celui qui met le feu aux poudres est Pierre-Yves Revol. Le patron des laboratoires Pierre Fabre, principal employeur du sud du Tarn, menace de "remettre en cause le développement local" de l'entreprise en cas d'arrêt du chantier de l'autoroute qui doit relier Toulouse (Haute-Garonne) à Castres (Tarn).
C'est dans un entretien donné à La Dépêche du midi, vendredi 29 novembre, que le dirigeant s'est exprimé sur la question, alors que le tribunal administratif de Toulouse doit rendre sa décision sur une possible annulation du chantier de l'autoroute. La rapporteuse publique s'est prononcée pour une annulation environnementale de l'autorisation du chantier, le 25 novembre dernier.
"Des difficultés liées à l'enclavement"
Pierre-Yves Revol a déclaré : "Nous ne pourrons accepter de supporter tous les inconvénients et accessoirement les surcoûts de l'enclavement. Nous remettrons en cause notre développement local au profit de zones plus urbaines et mieux desservies." Pierre Fabre, aujourd'hui, compte 5 300 salariés en France et 2,8 milliards de chiffre d’affaires. L'influence du groupe est colossale.
"L'entreprise n'aura aucune leçon à recevoir en matière d'aménagement du territoire lorsque, si ce projet d'autoroute était abandonné, elle se déportera vers d'autres grands centres urbains", assène Pierre-Yves Revol."Nous sommes ancrés ici, nous nous sommes battus pour y rester, mais nous ne pouvons continuer éternellement à surmonter les difficultés liées à l'enclavement si aucun effort n'est fait pour ce territoire."
Un "chantage à l'emploi"
Devant le tribunal administratif, la rapporteuse publique a jugé "excessif" d'invoquer une "véritable situation d'enclavement" du sud du Tarn. Cette portion d'autoroute de 53 km devrait faire gagner une vingtaine de minutes par rapport au trajet actuel. Le tribunal doit se prononcer sous une quinzaine de jours.
En réaction aux propos du leader des laboratoires Pierre Fabre, le collectif La voie est libre dénonce un "chantage à l'emploi" de sa part. Dans un communiqué publié également vendredi, les militants opposés au chantier de l'A69 réfutent l'idée que l'autoroute aurait "une incidence positive sur l’économie du bassin Castres-Mazamet" et pointent du doigt les "méthodes condamnables" de Pierre Fabre en l'accusant de vouloir "mettre la pression à la justice en utilisant la vie de salariés".
LE GROUPE PIERRE FABRE MET LA PRESSION SUR LES JUGES😡
— La Voie Est Libre (@LaVoieEstLibre_) November 29, 2024
Un chantage à l'emploi gravissime du groupe Pierre Fabre (Avène...), à l'initiative et actionnaire de l'A69. Des méthodes mafieuses pour mettre la pression sur la justice !
UN SCANDALE !https://t.co/Sw8YmHtE8P
Contactée par France 3 Occitanie, la direction du groupe Pierre Fabre confirme les propos rapportés par la Dépêche du midi et insiste sur la nécessité de l'accessibilité pour leurs "prestataires et collaborateurs". L'entreprise déclare : "Pas une seule usine de nos principaux concurrents français n'est située à plus de 30 minutes d'une autoroute ou d'une 2x2 voies", elle assure toutefois qu'"aucun emploi ne sera mis en danger".