Après la décision du Conseil général du Tarn de choisir une version redimensionnée du barrage de Sivens, les réactions sont contrastées : le gouvernement salut cette décision, les agriculteurs sont partagés, les écologistes s'interrogent.
On trouve des avis bien différents à la décision du conseil général du Tarn de ce vendredi matin de choisir une version "light" du barrage de Sivens. Une décision qui a été suivi de l'évacuation des occupants du site par les forces de l'ordre.
Le Foll et Royal "saluent" la décision du conseil général
le projet controversé de barrage à Sivens. "Le Conseil général a décidé de s'orienter vers une des options alternatives préconisées dans le rapport d'expertise rendu à la Ministre en charge de l'écologie le 16 janvier 2015" rappellent Mme Royal et M.Le Foll dans un communiqué commun.
Pour eux, "le Conseil général a ainsi fait le choix de privilégier la solution technique visant à engager la réalisation d'un réservoir dans l'emprise initiale, plus réduit et à l'amont du projet initial."
Les ministres estiment que cette décision "tout en respectant l'ensemble des critères de protection environnementale, sécurisera les apports en eau nécessaire pour des productions agricoles à forte valeur ajoutée et génératrices d'emploi local, le renforcement des circuits de proximité, et le maintien d'exploitations de taille familiale".
Les écologistes estiment que ce choix "ne règle rien sur le fond"
"En l'absence d'études complémentaires, rien ne dit que les doutes juridiques sur le respect de l'environnement seront levés", déclarent les porte-parole du parti écologiste EELV Julien Bayou et Sandrine Rousseau dans un communiqué.
"Pour les écologistes, il n'était pas nécessaire de prendre une décision sur le futur projet avant les élections départementales qui auront lieu les 22 et 29 mars", ajoutent-ils.
Les deux responsables se "félicitent" toutefois "de l'abandon définitif du projet de barrage initial". "Ce projet contesté était une menace pour le site naturel de la zone humide du Testet et n'était pas conforme à la réglementation, ce qui a été confirmé par un rapport d'experts et par la Commission européenne, qui a attaqué la France pour non-respect de ses directives environnementales, mais aussi par la ministre" de l'Ecologie, Ségolène Royal.
La FDSEA du Tarn "pas entièrement satisfaite"
Philippe Joucla, le président de la FDSEA du Tarn, a indiqué après le vote du conseil général qu'il n'était "pas entièrement satisfait" de cette décision. "Ce qui primait pour nous c'était l'évacuation de la ZAD. Mais concernant le projet, il faudra voir quels sont précisément les volumes concernés. Il y a du travail à faire mais nous sommes inquiets pour les volumes et les délais".France Nature Environnement déplore le maintien d'un barrage
France Nature Environnement, la grande fédération associative à laquelle appartenait le jeune opposant au barrage de Sivens tué en octobre, a déploré vendredi que le conseil général du Tarn ait voté le maintien d'une retenue, prônant une alternative sans construction nouvelle."FNE, FNE Midi-Pyrénées et Nature Midi-Pyrénées regrettent cette décision prise par des élus qui refusent d'envisager une solution n'impliquant pas la construction d'ouvrage", déclarent-ils dans un communiqué.
"Nous n'avons pu obtenir que l'abandon du projet initial délirant. Malheureusement, un autre presque aussi incongru est choisi par le conseil général", a réagi le président de FNE Denez L'Hostis.
"Souhaitons que les deux ans minimum de procédure nécessaires à l'élaboration de ce nouveau projet associent étroitement l'ensemble de la population", poursuit l'organisation environnementale, qui ajoute que "les associations resteront mobilisées pour démontrer qu'on peut répondre aux besoins des agriculteurs en optimisant les infrastructures existantes".
"C'est maintenant au conseil général de prouver qu'il est capable de mettre en oeuvre une démocratie réellement participative, au service de tous les citoyens de son territoire", relève le communiqué.
"Le Tarn a l'opportunité de devenir un laboratoire pour la démocratie du XXIe siècle en laissant derrière lui des pratiques d'un autre âge", ajoutent ces associations, qui accusent le département d'avoir refusé le dialogue pendant deux ans.