Longtemps dans l'ombre du prestigieux stade Toulousain, Castres reste sur trois victoires de rang face à Toulouse avant de s'y déplacer samedi (16h15) en barrages du Top 14. Assez pour redistribuer les cartes du derby et éliminer les Rouge et Noir dès leurs retrouvailles avec la phase finale?
Trente-neuf ans qu'ils attendaient ça! Vainqueur en décembre à Toulouse (41-31), le CO n'était plus revenu les bras levés de la Ville Rose, distante de
quelque 80 km, depuis le 17 décembre 1978...
Avant de confirmer sa suprématie régionale lors du match retour il y a quelques semaines dans le Tarn (28-23), où il s'était déjà imposé, beaucoup plus largement (52-7), en toute fin de saison dernière.
Et qui des deux était présent l'an passé en phase finale? Castres, pourtant dix fois moins peuplée que son illustre voisin au budget (21,7 M EUR contre 29,9 M EUR) et au palmarès pourtant autrement plus conséquents (19 Boucliers de Brennus pour Toulouse, 4 pour Castres). Mais qui avait donc manqué l'an passé le grand rendez-vous du printemps pour la première fois depuis... 41 ans!
Alors, le CO serait-il favori ou outsider?
"Cette question ne m'empêche pas de dormir" coupe l'entraîneur principal toulousain Ugo Mola.
Christophe Urios, son alter ego, préfère en sourire: "Si on pense que l'on est favori parce que l'on a gagné deux fois contre Toulouse, je veux bien être favori mais savoir si on l'est vraiment, franchement, je m'en fous."
L'homme fort des Tarnais est revanche nettement plus attaché à la notion de derby: "Il est important que nos joueurs actuels connaissent cette rivalité et j'ai eu envie de remettre l'accent là-dessus."
"Quand on joue contre Toulouse, ce n'est pas comme une autre équipe. Tout nous oppose: c'est une grande ville, ils ont des universités, un modèle économique différent et une formation qui est en avance sur nous" ajoute-t-il.
Le Castres Olympique, "club phare" d'Occitanie
L'importance portée côté castrais à la rivalité fait sourire Mola. "Castres parle beaucoup plus que nous de cette notion de derby" relève le technicien, qui a la particularité d'avoir fréquenté les deux clubs en tant que joueur et entraîneur. Et dont les relations avec Urios sont très fraîches.Et Mola d'estimer que le club phare de la région est "Castres". "J'ai vu que certains évoquaient le luxe du Stade Toulousain... Depuis 2012 (dernier titre des Rouge et Noir), les chiffres se sont réellement inversés, et le club phare de la région Midi-Pyrénées (Occitanie, ndlr) ce n'est pas Toulouse
ou Montpellier: c'est Castres. Ils ont fait un titre (2013), une finale (2014) et sont régulièrement en phase finale" affirme ainsi l'entraîneur en chef toulousain.
Urios veut en tout cas croire à la fin du complexe d'infériorité des Tarnais : "Ils (les Toulousains) ont dominé le rugby français et européen pendant longtemps mais je crois que dans la tête des mecs cela s'est inversé."
A tel point que le sentiment de revanche serait plutôt toulousain à en croire les intéressés.
"Oui, on est forcément un peu revanchard quand on perd trois fois contre la même équipe, c'est dans un coin de nos têtes" confirme le centre Florian Fritz qui jouera samedi son dernier match à Ernest Wallon, 14 ans après ses débuts sous le maillot Rouge et Noir.
Avant de prolonger le plaisir par une première demi-finale depuis trois ans? Castres, qui n'a plus fréquenté le dernier carré depuis 2014, fera évidemment tout pour confirmer son statut de poil à gratter des Toulousains.