Une buraliste albigeoise accusée de discrimination pour avoir refusé, au moins quatre fois, de servir des femmes voilées, vient d’être relaxée par la Cour d’Appel de Toulouse ce 30 juin. Pour rappel, elle avait été condamnée en 2018 à 1.000 euros d'amende et 10.000 euros de dommages et intérêts.
Marie Pinier, buraliste à Albi, avait été condamnée en première instance pour discrimination religieuse, suite à des plaintes déposées par des femmes à qui la commerçante avait refusé de prendre ou délivrer des colis, à plusieurs reprises, entre 2015 et 2018.
L’Albigeoise demandait à ses clientes de retirer leurs voiles pour être servies. Marie Pinier avait alors invoqué la sécurité indiquant « ne pouvoir vérifier leur identité ». Une cliente de confession musulmane avait proposé à la commerçante de se dévoiler à l'abri des regards, ce que Marie Pinier avait alors refusé.
La commerçante aurait agi de la même manière avec toutes les personnes qui portaient chapeau, casquette ou casque, craignant qu’une arme y soit cachée.
Dans cette affaire, le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) et la Licra (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) s’étaient constituées parties civiles.
La buraliste d'Albi avait décidé de faire appel. Le Parquet avait estimé que la peine ne correspondait pas à la gravité des faits et requis, comme en 2018, trois mois de prison assortis de 3.000 euros d’amende. Marie Pinier vient finalement d'être relaxée par la Cour d'Appel de Toulouse.
Contactée par France 3 Occitanie, la commerçante d’Albi ne souhaite pas réagir à cette relaxe. Son avocat Me Simon Cohen s’exprime pour elle sur le sujet : « Marie Pinier ne s’est comportée contre la loi mais dans le respect de celle-ci. Quelle que soit la nature du couvre-chef, quelle que soit la nature du moyen permettant de dissimuler partiellement le visage, tous étaient traités de manière égale au sein de ce commerce »
Les personnes et associations qui s’étaient portées parties civiles sont déçues par cette décision de justice. Leur avocat Me Sefen Guez Guez rapporte que « la discrimination était clairement orientée et démontrée et ressortait du dossier. Nous sommes donc très surpris et déçus parce que cette décision rendue par la cour d’Appel de Toulouse qui incite à la discrimination et n’appelle pas à l’apaisement".
Les parties civiles comptent saisir la Cour de Cassation pour faire invalider cette décision de justice.